L’hallucination du doigt coupé dans le texte de Freud

Il existe deux occurrences de cette hallucination, hallucination qui est en général considérée comme un phénomène psychotique mais qui peut cependant exister de façon isolée également dans la névrose. Nous le verrons bien explicité dans le texte de Freud où nous pourrons en effet constater à quel point cette hallucination se trouve intriquée dans l’ensemble des symptômes de l’Homme aux loups, notamment p. 238 du gardiner où il écrit « Nous sommes donc en droit d’admettre que cette hallucination se situe dans le temps où il se décida à reconnaître la réalité de la castration, et qu’elle devait précisément marquer ce pas ». C’est vraiment paradoxal que ce témoin du rejet (de la forclusion) de cette castration qui resurgit dans le réel comme non symbolisé, sous forme de cette hallucination, soit ce qui justement marque ce temps où il admet enfin la réalité de cette castration.
Page 237 en bas de page, Freud cite donc un fragment d’un texte qui a pour titre « Sur la fausse reconnaissance (déjà raconté) pendant le travail analytique.
« Quand j’avais cinq ans, je jouais avec ma bonne d’enfants et taillais avec mon couteau de poche dans l’écorce d’un de ces noyers qui jouent aussi un rôle dans mon rêve. Tout à coup je remarquai avec un effroi indescriptible que je m’étais coupé le petit doigt de la main (droite ou gauche ?) de telle sorte qu’il ne tenait plus que par la peau. Je ne ressentais pas de douleur mais une grande angoisse…. Enfin je me calmai, regardai le doigt en face, et voilà qu’il était parfaitement indemne. »
Dans la phrase qui suit Freud évoque ce qui est arrivé à l’un des héros de la « Jérusalem délivrée » un ouvrage écrit par Le Tasse. J’ai essayé de relire cet ouvrage qui est trouvable sur le site de la BNF. Ce qui y est décrit c’est le fait que lorsque le héros Tancrède commence à essayer de couper l’arbre, un cyprès celui-ci se met à parler et surtout à saigner. C’est Clorinde, son objet aimé et qu’il a pourtant tué au cours d’un combat singulier qui a été métamorphosée en arbre. Donc j’ai bien repéré l’équivalence de l’arbre et de la mère auquel il inflige une blessure avec son couteau, mais je n’ai retrouvé la blessure que Tancrède se serait infligé à lui-même, donc la punition de la castration. Mais le texte ancien scanné n’est pas très lisible.
En tout cas ce qui me parait également très important, c’est quand même le fait qu’il utilise son couteau par rapport au corps de sa mère et que donc au lieu de rester dans une position passive féminine vis à vis du père, il se donne le droit d’occuper sa place, de s’identifier à lui. Ainsi avec la crainte de la castration lié au désir pour la mère se mettent en place enfin ses identifications viriles. il se donne le droit d’être un homme : « Il jouait en cela le père et mettait les pertes de sang de sa mère qu’il connaissait, en relation avec la castration des femmes, leur « blessure » qu’il connaissait aussi. »
Donc paradoxalement, grâce à cette hallucination, il prend en compte l’existence de la castration et surtout s’incrit du côté des hommes dans la fonction phallique, identifié non plus à sa mère mais à son père.
La Jérusalem délivrée Page 110 à 115

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