Ce chapitre « Particularités psychologiques du rêve » est vraiment très intéressant car Freud souligne trois points d’une extrême importance. Tout d’abord, il emprunte à Fechner ce qui deviendra pour lui « L’Autre scène du rêve » qui ne peut être domiciliée dans aucune localisation anatomique mais dans ce qu’il appelle « l’appareil psychique ». (p.83, traduction Lefebvre).
En second point, il décrit le rêve comme cette transformation, sur cette scène du rêve, des traces mnésiques, des représentations, en images visuelles qui non seulement existent en elles-mêmes mais sont aussi dramatisées, organisées en scénario.
Freud souligne de plus qu’à ce scénario on y croit, on croit à sa réalité. Il utilise le terme de crédulité à propos de ce qui arrive dans le rêve. ( à ce propos, je me demande quelle différence il y a entre la croyance et la crédulité)
Toute la question, à propos de ce second point est donc de savoir quel est ce lien entre ces tenant-lieux de la représentation et ces images. A cela on peut commencer à répondre en se rappelant que Freud a affirmé que le rêve est un rébus. Je pense que nous allons le retrouver dans le texte de l’Interprétation et que donc deviner ce que veut dire le rébus, d’épeler les mots qui correspondent aux images qui permettent donc de le lire, sera une façon de retrouver ces représentations mnésiques qui s’y trouvent cachées.
Voici ce qu’en dit Freud :
« Le rêve pense donc de manière prépondérante en images visuelles mais pas exclusivement. Il travaille aussi avec des images auditives et dans une moindre mesure avec les impressions des autres sens. Bien des choses sont aussi dans le rêve simplement pensées et représentées( rôle assumé par des restes de représentation verbale). Mais ne sont cependant caractéristiques du rêve que les éléments du contenu qui se comporte comme des images, c’est à dire sont plus semblables aux perceptions qu’aux représentations mnésiques […] nous pouvons déclarer avec tous les auteurs compétents que le rêve hallucine, qu’il remplace des pensées pas des hallucinations »
A propos de ce que Freud dit des images visuelles comme étant des hallucinations, Lacan n’adopte pas du tout son point de vue. Ces images sont tout simplement pour lui de la catégorie de l’imaginaire, comme leur nom l’indique.
Il aborde cette question à propos de son commentaire du rêve de l’injection faite à Irma. C’est dans la séance du 9 mars 1955 ( séminaire Le moi dans la théorie de Freud…). : « Evidemment le terme d’imaginaire, s’il avait pu être employé dès alors, aurait levé bien des contradictions. Mais ce caractère figuratif est ici conçu comme participant du perceptif et le visuel est promu par Freud comme équivalent du perceptuel » D’où pour Freud, en raison même de son schéma de l’appareil psychique construit entre perception et conscience, la nécessité d’expliquer ces images du rêve par le mécanisme de la régression.
C’est avec cette rectification de Lacan qu’on retrouve cette affirmation de Freud que le rêve est un rébus, un rébus qui est d’abord composé d’images en attente de déchiffrage.
Voici un exemple de rébus qui montre bien comment il faut passer des images aux signifiants qui s’y cachent.
Le troisième point développé dans ce chapitre est celui de l’absurdité dans les rêves. Dans cette extraordinaire accumulation de citations passant en revue tous les points de vue des différents auteurs qui ont étudié les mécanismes du rêve, j’en ai isolé un qui m’a particulièrement intéressé, c’est encore un exemple de rêve de Maury qui démontre, sans que le rêveur n’en sache rien, à quel point le rêve travaille avec les signifiants. Je lui réserve une place à part.