Je pensais faire l’impasse de cette dernière néoformation, celle de « erzefilisch » de la page 344 car toutes ces substitutions de lettres avec plein de h et de z me paraissaient très compliquées du fait de mon ignorance de la langue allemande, mais je me suis ravisée parce qu’en fait cette analyse de rêve apparaît comme une sorte d’algèbre avec substitutions de lettres entre la contenu manifeste et le contenu latent du rêve, de plus il est dans la suite du rêve autodisdaker avec les mêmes thèmes sur les dangers de la prostitution. Le contenu manifeste de ce rêve est donc : « ça agit erzefilisch sur la sensation sexuelle ».
A partir de cette néoformation Freud décrit alors une série de transformations de celle-ci pour arriver enfin à ce que sont les pensées du rêve.
L’interprétation de ce rêve est donc celle-ci : « La phrase signifie donc très logiquement dans sa traduction « par mon récit ( narratif) j’ai voulu agir de façon éducative sur mon éducatrice, sur sa vie sentimentale, mais je redoute qu’en même temps cela puisse agir de manière empoisonnante ».
Ce n’est pas un de mes rêves préférés mais il a la mérite d’être un des derniers dans ce grand chapitre qu’il consacre à ce mécanisme de la condensation dans la formation du rêve.
A la page suivante, il aborde le second mécanisme, celui du déplacement. Or j’ai eu la surprise de constater qu’à propos du rêve de la monographie botanique, c’est ce même signifiant « botanique » qui lui avait servi à illustrer la condensation qui va lui servir à illustrer également le déplacement. Mais avant de l’entamer, il vaut la peine de rester encore un peu sur la dernière page qui conclut sur la condensation, celle de la page 345, parce qu’il étend ce mécanisme de la condensation à toutes les formes de névrose et de psychose.
Les pages qui terminent toute cette partie sur la condensation p.344 et 345, servent en quelque sorte de conclusion à tout ce chapitre et notamment parce que ce mécanisme, qu’il appelle quand même une “ malformation des mots”, est étendu, comme leur étant commun, aux trois structures, névrose, psychose et perversion.
“ Les malformations verbales de ce rêve ( celles du erzefilisch) ressemblent fortement à celles que l’on connaît dans la paranoïa, mais qui ne manquent pas à l’appel non plus dans l’hystérie et les représentations obsessionnelles. Les tours de langage des enfants, qui à certains moments, traitent les mots comme des objets, et inventent aussi des langues nouvelles et des assemblages de mots artificiels sont ici pour le rêve comme pour les psychonévroses la source commune”.
Cela m’a rappelé un souvenir d’enfance, celui où, devant une grande carte du monde, je lisais tous les noms de villes qui y figuraient en Afrique du Nord, pour faire croire à ma sœur qui avait deux ans et demi de moins que moi, que je parlais arabe. Je ne sais pas si j’arrivais à le lui faire croire.
Voilà dans ce paragraphes du texte de Lacan “ Ecrits inspirés” de très jolies néoformations de mots : “ mes cinq oies de Vals sont de la pouilladouire et vous êtes le melon de la Sainte Vierge” ou encore “À londoyer sans meurs on fait de la bécasse
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Voici l’extrait de cette lettre que vous pouvez retrouver à cette adresse https://ecole-lacanienne.net/wp-content/uploads/2016/04/1926-1981-Pas-tout-Lacan.pdf
– Paris ce 14 mai 1931 : Monsieur le Président de la République P. Doumer en villégiaturant dans les pains d’épices et les troubadoux,
Monsieur le Président de la République envahie de zèle, Je voudrais tout savoir pour vous faire le (15) mais souris donc de poltron et de canon d’essai (16) mais je suis beaucoup trop long à deviner (17). Des méchancetés que l’on fait aux autres il convient de deviner que mes cinq oies de Vals (18) sont de la pouilladuire et que vous êtes le melon de Sainte vierge et de pardon d’essai (19). Mais il faut tout réduire de la nomenclature d’Auvergne car sans se laver les mains dans de l’eau de roche on fait pissaduire au lit sec (20) et madelaine est sans tarder la putin de tous ces rasés de frais (21) pour être le mieux de ses oraies (22) dans la voix est douce et le teint frais. J’aurais voulu médire de la tougnate (23) sans faire le préjudice de vie plénière et de sans frais on fait de la police judiciaire (24). Mais il faut étonner le monde pour être le faquin maudit de barbenelle et de sans lit on fait de la tougnate (25). Les barbes sales sont les fins érudits du royaume de l’emplâtre judice (26) mais il faut se taire pour érudir (27) la gnogne (28) et la faire couler sec dans si j’accuse je sais ce que j’ai fait (29). (31) À londoyer (30) sans meurs on fait de la bécasse (31) mais la trace de l’orgueil est le plus haut Benoît que l’on puisse couler d’ici longs faits et sans façon. Le péril d’une nation perverse est de cumuler tout sur le dos de quelqu’un et faire de l’emplâtre le plus maigre arlequin alors qu’il est préjudice à qui l’on veut, bonté à coups redoublés à qui l’on ne voulait pas pour soi…”