Voici comment Lacan décrit l’objet a en tant qu’élément du fantasme 
» Ce que je puis articuler plus avant à propos de cet $ et pour autant qu’il nous intéresse non pas en tant qu’il est confronté, mis en rapport avec la Demande mais avec cet élément que nous allons essayer cette année de serrer de plus près, qui est représenté par la a, le a, objet essentiel objet autour de quoi tourne comme telle, la dialectique du désir, objet autour de quoi le sujet s’éprouve dans une altérité imaginaire […] Et c’est pas cet autre qui est l’objet du désir qu’est remplie une fonction qui définit le désir dans une double coordonnée qui fait qu’il ne vise pas, pas du tout, un objet en tant que tel de satisfaction du besoin, mais un objet en tant qu’il est déjà lui-même relativé, je veux dire mise en relation avec le sujet qui est présent dans le fantasme […] et la fonction de l’objet qui est objet du désir uniquement en ceci qu’il est terme du fantasme, l’objet prend la place de ce dont le sujet est privé symboliquement […] disons que c’est pour autant que dans l’articulation du fantasme, l’objet prend la place de ce dont le sujet est privé, c’est quoi, c’est du phallus que l’objet prend cette fonction qu’il a dans le fantasme et que le désir avec le fantasme pour support se constitue. » Le désir et son interprétation. séance du 15 avril 1959.
Avec cette définition de l’objet dans le fantasme mis en relation avec le sujet, on saisit mieux pourquoi, au cours de la scène du cimetière, Ophélie est restaurée dans sa fonction d’objet pour Hamlet dans toute la mesure où il en est privé symboliquement en tant qu’objet de deuil certes pour lui-même, mais aussi pour son rival, Laerte. Cet objet a du désir doit toujours être convoité par un autre, il doit être un objet de concurrence, c’est en effet ainsi que le sujet peut en être privé symboliquement.
Voici le graphe du désir d’Hamlet, rectifié au cours de la scène du cimetière. Ophélie y prend son statut d’objet a du sujet Hamlet.
Liliane Fainsilber