Dans cette séance du 18 juin 1958 ( Séminaire des Formations de l’inconscient), sur le graphe du désir, Lacan précise la fonction de deux lettres, d’une part celle du signifiant de grand A barré, d’autre part celui du message, qu’il nomme signifié de grand A et où vient s’inscrire le symptôme en tant qu’il est une signification. C’est donc en ce point que viennent s’inscrire les symptômes de l’obsessionnel, et donc notamment ses obsessions.
Lacan p. 10 de la sténotypie parle donc du symptôme, reprend ce qu’il a déjà dit du désir de l’hystérique sous la forme de ce dx et n’aborde à nouveau la question de la structure obsessionnelle qu’en page 20 de cette séance.
« Nous en sommes maintenant à l’obsessionnel. La structure de l’obsessionnel telle que j’essaie de m’y avancer, je vous l’ai dit, est désignée aussi d’un certain rapport avec le désir qui n’est pas ce rapport dx mais qui est un autre rapport que je vous ai indiqué comme étant chez lui essentiel, que nous appellerons d °. »
Cette écriture du d° est pour Lacan une façon d’écrire, d’inscrire sur le graphe ce que Freud appelle désir de destruction, ou défusion des instincts de vie et des instincts de mort : « Isolation de quelque chose qui s’appelle destruction ».
« C’est pour autant que le premier abord du désir de l’obsessionnel a été comme pour tout sujet l’apport du désir de l’Autre et que ce désir de l’Autre a été d’abord comme tel détruit, annulé, que toute la structure de l’obsessionnel s’engage… et est comme telle déterminée. »
Lacan indique que dès que le désir de l’obsessionnel « baisse, clignote et s’évanouit à mesure qu’il s’en approche, portant ici la marque de ceci : que le désir a d’abord été abordé comme quelque chose qui se détruit parce que d’abord la réaction de désir de l’Autre s’est présentée à lui comme quelque chose qui était son rival ».
Question : En quoi cette rencontre du désir de l’Autre représentée par un objet rival serait-elle spécifique de l’obsessionnel ?
N’est-ce pas celle de tout sujet ?
Je me demande dans quelle mesure ces deux lettres dx et d° ne sont pas valables pour tout sujet, la première indiquant que le désir de l’Autre est nécessaire à la constitution du désir du sujet. Le d° indiquant les conditions de cette rencontre avec le désir de l’Autre qui implique le désir de destruction de l’objet rival occupant cette place d’objet désiré.
On peut se référer à la situation à trois décrite par Saint Augustin. L’enfant contemplant d’un regard empoisonné son petit frère de lait appendu au sein de sa mère.
Est-ce que ce serait cette scène d’invidia qui manque à l’hystérique, pour que le désir pour elle se marque d’un dx énigmatique ?
Quand Dora contemple la madone ou Madame K elle est seule à seule avec elle. Il n’y a en effet pas d’objet rival en vue.
Même si c’est une Vierge à l’enfant peut-être est-il incorporé à l’image de la mère, faisant partie d’elle.
J’en déduirais bien que pour l’hystérique, la métaphore paternelle n’arriverait pas à castrer la mère elle-même et donc à la rendre désirante.
Pour l’obsessionnel, ce dont il s’agirait c’est de faire renoncer l’enfant à être cet objet rival qu’il désire détruire.
Lacan indique que Bouvet s’aperçoit bien de cette relation à l’objet mais qu’il l’interprète comme une nécessité de sa mise à distance « qu’il confond avec quelque chose qu’il appelle destruction de l’objet, « comme si le sujet était sans arrêt entrain de se défendre du danger de sombrer dans la folie, définie comme ce désir de destruction de l’objet ».
Ce que Bouvet raconte des rêves de Renée témoigne de ce désir : « J’ai rêve que j’écrasais la tête du Christ et cette tête ressemblait à la vôtre ».
Ce que Lacan rappelle c’est le fait qu’il y a une radicale différence de structure entre la névrose et la psychose et rien n’est plus éloigné de l’obsessionnel que ce danger de sombrer dans la folie si ce n’est d’être littéralement fou de rage.
Le désir de l’hystérique, « d x », et le désir de l’obsessionnel, « d° »
Dans cette séance, sur le graphe du désir, Lacan précise la fonction de deux lettres, d’une part celle du signifiant de grand A barré, d’autre part celui du message, qu’il nomme signifié de grand A et où vient s’inscrire le symptôme en tant qu’il est une signification.
C’est donc en ce point que viennent s’inscrire les symptômes de l’obsessionnel, et donc notamment ses obsessions.
Lacan p. 10 de la sténotypie parle donc du symptôme, reprend ce qu’il a déjà dit du désir de l’hystérique sous la forme de ce dx et n’aborde à nouveau la question de la structure obsessionnelle qu’en page 20 de cette séance.
« Nous en sommes maintenant à l’obsessionnel. La structure de l’obsessionnel telle que j’essaie de m’y avancer, je vous l’ai dit, est désignée aussi d’un certain rapport avec le désir qui n’est pas ce rapport dx mais qui est un autre rapport que je vous ai indiqué comme étant chez lui essentiel, que nous appellerons d °. »
Cette écriture du d° est pour Lacan une façon d’écrire, d’inscrire sur le graphe ce que Freud appelle désir de destruction, ou défusion des instincts de vie et des instincts de mort : « Isolation de quelque chose qui s’appelle destruction ».
« C’est pour autant que le premier abord du désir de l’obsessionnel a été comme pour tout sujet l’apport du désir de l’Autre et que ce désir de l’Autre a été d’abord comme tel détruit, annulé, que toute la structure de l’obsessionnel s’engage… et est comme telle déterminée. »
Lacan indique que dès que le désir de l’obsessionnel « baisse, clignote et s’évanouit à mesure qu’il s’en approche, portant ici la marque de ceci : que le désir a d’abord été abordé comme quelque chose qui se détruit parce que d’abord la réaction de désir de l’Autre s’est présentée à lui comme quelque chose qui était son rival ».
Question : En quoi cette rencontre du désir de l’Autre représentée par un objet rival serait-elle spécifique de l’obsessionnel ?
N’est-ce pas celle de tout sujet ?
Je me demande dans quelle mesure ces deux lettres dx et d° ne sont pas valables pour tout sujet, la première indiquant que le désir de l’Autre est nécessaire à la constitution du désir du sujet. Le d° indiquant les conditions de cette rencontre avec le désir de l’Autre qui implique le désir de destruction de l’objet rival occupant cette place d’objet désiré.
On peut se référer à la situation à trois décrite par Saint Augustin. L’enfant contemplant d’un regard empoisonné son petit frère de lait appendu au sein de sa mère.
Est-ce que ce serait cette scène d’invidia qui manque à l’hystérique, pour que le désir pour elle se marque d’un dx énigmatique ?
Quand Dora contemple la madone ou Madame K elle est seule à seule avec elle. Il n’y a en effet pas d’objet rival en vue.
Même si c’est une Vierge à l’enfant peut-être est-il incorporé à l’image de la mère, faisant partie d’elle.
J’en déduirais bien que pour l’hystérique, la métaphore paternelle n’arriverait pas à castrer la mère elle-même et donc à la rendre désirante.
Pour l’obsessionnel, ce dont il s’agirait c’est de faire renoncer l’enfant à être cet objet rival qu’il désire détruire.
Lacan indique que Bouvet s’aperçoit bien de cette relation à l’objet mais qu’il l’interprète comme une nécessité de sa mise à distance « qu’il confond avec quelque chose qu’il appelle destruction de l’objet, « comme si le sujet était sans arrêt entrain de se défendre du danger de sombrer dans la folie, définie comme ce désir de destruction de l’objet ».
Ce que Bouvet raconte des rêves de Renée témoigne de ce désir : « J’ai rêve que j’écrasais la tête du Christ et cette tête ressemblait à la vôtre ».
Ce que Lacan rappelle c’est le fait qu’il y a une radicale différence de structure entre la névrose et la psychose et rien n’est plus éloigné de l’obsessionnel que ce danger de sombrer dans la folie si ce n’est d’être littéralement fou de rage.
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3 Comments
Je trouve votre texte fort intéressant et fort juste. Rares sont les textes qui s’approchent si près de la réalité du fantasme fondamental dans la névrose obsessionnelle (j’en suis une). Pour moi la phrase clef est « Pour l’obsessionnel, ce dont il s’agirait c’est de faire renoncer l’enfant à être cet objet rival qu’il désire détruire. » Alors rival… peut prendre plusieurs formes effectivement et peut aussi être cet autre morceau de ce tout que forme la mère et l’enfant et dont l’enfant doit absolument se détacher pour accéder à l’existence. Merci encore une fois.
Bonjour Corinne, je n’ai fait que déchiffrer la séance du séminaire de Lacan.
C’est vrai que ces graphes du désir qui semblent si difficiles à travailler nous portent pourtant au coeur de la clinique et font que nous nous sentons concernés au coeur même de notre névrose, celle de l’analysant et celle de l’analyste. Cordialement. Liliane Fainsilber.
Bonjour,
d’abord félicitations. j’aime beaucoup votre manière d’écrire.
J’ai une question : je sens bien que la clé de voute du texte réside dans la formulation « Pour l’obsessionnel, ce dont il s’agirait c’est de faire renoncer l’enfant à être cet objet rival qu’il désire détruire. » Pourtant, j’ai bien peur que ce soit la seule partie du texte que je ne comprenne… c’est bien dommage ma foi. resisterai-je ? peut être, toujours est-il que j’aimerai avancer sur cette question. Pouvez vous m’éclairer ? merci d’avance