L’absurdité dans les rêves et les obsessions

La question de l’absurdité apparente des obsessions est abordée par Freud dans sa grande étude de la névrose obsessionnelle avec l’histoire de l’Homme aux rats.
Dès les premières phrases de ce paragraphe du texte qui a pour titre « Quelques obsessions et leur explication » , Freud nous explique que tout comme pour le rêve il ne faut pas se laisser impressionner par l’apparente absurdité et incohérence de ces obsessions : « On fait bien de ne jamais se laisser troubler, dans cette tâche de la traduction des obsessions, par leur apparente absurdité ; les obsessions les plus absurdes et les plus étranges se laissent résoudre si on les approfondit dûment. »
Au demeurant quoique de plus absurde que l’obsession princeps de Ernst, celle selon laquelle s’il ne remboursait pas l’argent au capitaine David, son père et sa mère (j’ai fait un lapsus que je maintiens) subiraient le supplice des rats.

A propos de cette absurdité dite des obsessions, il faut remarquer aussi que dans l’Interprétation des rêves, Freud consacre un chapitre spécialement aux rêves absurdes et il faut noter qu’ils sont tous pour thème latent les désirs de la mort du père. Il vaut la peine de les relire.
« Dans les exemples que nous avons vus jusqu’ici, nous avons rencontré si fréquemment l’absurdité dans le contenu du rêve que nous ne voulons plus attendre pour en rechercher l’origine et la signification. On se rappelle, en effet, qu’elle a été l’argument capital de ceux qui ne considèrent le rêve que comme un produit, dépourvu de sens, d’une activité réduite et fragmentée.
Je vais commencer par examiner quelques cas où l’absurdité du contenu du rêve n’est qu’une apparence qui s’évanouit dès qu’on pénètre mieux le sens du rêve. Ce sont des rêves qui – par hasard, semble-t-il d’abord – ont trait au père mort. »
Freud en cite quatre exemples, dont l’un de ses plus beaux rêves, le rêve dit du Comte de Thun.
Freud explique ainsi cette absurdité :
« Les conditions pour la formation de tels rêves s’y trouvent réunis de façon typique. L’autorité paternelle a éveillé la critique de l’enfant, il apprend de bonne heure à voir toutes les faiblesses de son père afin d’échapper à la sévérité de ses exigences ; mais la piété dont s’entoure la personne du père, spécialement après sa mort, rend plus rigoureux la censure qui écarte toute expression consciente de cette critique ».
L’absurdité rend compte de l’ambivalence à l’égard du père.

Dans l’obsession de Ernst : « si je ne rends pas l’argent au capitaine David alors mon père et ma dame subiront le supplice des rats », la dimension d’absurdité, est sinon expliquée, au moins étayée par le fait que celui qui lui enjoint de le rendre, ce capitaine cruel, se trompe complètement. Ernst sait déjà parfaitement que ce n’est pas au capitaine David qu’il doit rendre cet argent, puisque c’est en fait la demoiselle de la poste qui a payé pour lui à la réception de ses lorgnons. Dans la dérision, il fait semblant d’être obligé d’obéir à cette injonction fausse qu’il vit comme un commandement.

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