La page 133 des cinq psychanalyses est consacrée à l’équivoque que permet la langue allemande entre « wegen » et « wagen », le premier pouvant être traduit « à cause de » et le second étant « voiture »au pluriel. C’est à cause des voitures que le Petit Hans dit avoir attrapé la bêtise. En fait c’est à cause de cette équivoque signifiante qu’il y a eu une extension de la phobie du cheval aux voitures à chevaux.
Mais c’est vrai que ce n’est pas très clair dans le texte de Freud cela l’est d’autant moins « à cause » de la traduction elle-même, car le traducteur en voulant rendre compte de cette équivoque et en trouver l’ équivalent en français a traduit ce « wagen/wegen » par « vois-tu le cheval » en faisant sauter une syllabe de « voitu-re ». En fait c’est la note de bas de page 133 de Freud qui éclaire le tout : « Je dois expliquer que Hans ne veut pas dire qu’il a alors attrapé la bêtise mais que tout ceci est en connexion avec la bêtise. Il doit donc en être ainsi, car la théorie exige que ce qui est aujourd’hui l’objet d’une phobie ait été auparavant celui d’un vif plaisir et je compléterai ici ce que l’enfant était incapable d’exprimer : que le terme « à cause de » a ouvert la voie à l’extension de la phobie des chevaux aux « voitures ». Il ne faut jamais oublier que l’enfant traite les mots de façon beaucoup plus concrète que ne le fait l’adulte, ce qui donne pour lui aux consonances verbales une toute autre importance. Wegen (à cause de) Wagen (voitures). »
La phrase de Freud concernant la théorie qui exige est énigmatique et mérite interprétation. Il me semble, c’est mon interprétation, que ce que Freud souligne là c’est que ce ne sont pas les voitures qui sont le point d’origine de sa phobie mais bel et bien le cheval. C’est lui l’objet d’un vif plaisir, lui mais aussi la girafe.
Lacan reprend dans la relation d’objet cette connivence verbale entre Wagen et Wegen.