Suite de cette séance du 21 mai des formations de l’inconscient
Après avoir tracé entre les deux demandes, demande signifiée ou de satisfaction du besoin et la demande d’amour ou demande signifiante, se dessine ce champ du désir – en rose –
Le désir du sujet ne peut s’articuler qu’au désir de l’Autre, le désir de la mère en premier lieu, un désir qui lui est « fondamentalement étranger » et donc inaccessible.
C’est autour des difficultés de cette articulation entre les deux désirs que se structurent de façon différente les névroses. (nous en sommes à la page 5 de la sténotypie et p. 465 de la version ALI).
Il reprend sa définition du désir insatisfait de l’hystérique et du désir « essentiellement dépendant de l’Autre » de l’obsessionnel :
» Nous l’avons dit, elles sont différentes ces structures, selon que l’accent est mis sur l’insatisfaction essentielle de ce désir. C’est le mode par lequel l’hystérique en aborde le champ et la nécessité ou selon que l’accent est mis sur le caractère essentiellement dépendant de l’Autre de l’accès à ce désir et c’est le mode sous lequel il se propose à l’obsessionnel. »
Pour l’hystérique, Lacan reprend le fait qu’elle s’intéresse avant tout à une situation de désir entre plusieurs personnages en référence à l’histoire d’Elisabeth Von R et même de celle de Dora.
« Le désir de l’hystérique n’est pas désir d’un objet mais désir d’un désir ».
A propos de cette qualification du désir de l’hystérique peut alors faudrait-il prêter davantage attention au fait qu’on a attribué beaucoup d’importance à ce « puissant amour gynécophile de Dora pour Madame K. », que Freud n’aurait pas repéré à temps. Peut-être faudrait-il déplacer cette attention sur les échanges désirants entre tous les personnages y compris ceux avec les gouvernantes. Ce serait peut-être aussi une façon de faire resurgir ce qu’il en est du désir de la mère dans l’histoire de Dora.
Quels étaient les liens de la mère de Dora à sa rivale Madame K. ? Ce n’est pas parce que Dora n’en avait rien dit à Freud, que ces liens n’existaient pas.
Cela me fait penser à ce que Lacan avait évoqué à propos de la jeune fille homosexuelle : le terme de « désistement ». C’est une sorte d’effacement subjectif devant un objet rival.
Un renoncement qui n’est pas quelque chose de constructif parce qu’il n’aboutit pas à une identification à cet objet rival, identification qui permet de surmonter cet état conflictuel d’ordre imaginaire.
Ce désistement est peut-être la forme que revêt ce que Lacan a appelé ravage pour le destin féminin. Il contient en effet la même racine que l’existence ou la subsistance à quoi il a lié l’autre jouissance d’une femme, la jouissance au-delà du phallus, ce verbe latin sistere qui, si je me souviens bien, peut se traduire par « se tenir », « se tenir debout ».
Bon ! je me suis un peu éloignée, mais pas tellement, du fil de cette séance. Lacan reprend ensuite la question du désir de l’obsessionnel.
« Nous l’avons dit la dernière fois, ici – c’est sur le graphe en face du petit d où s’inscrit le désir de l’Autre – quelque chose se passe qui est différent de cette identification hystérique (pour Dora il s’agissait de son identification à Monsieur K.) … L’obsessionnel a d’autres solutions pour la raison que le problème du désir de l’Autre se présente à lui d’une façon toute différente. »
Seulement avant de nous indiquer ce qui se passe chez l’obsessionnel, Lacan part dans une longue digression de ce qu’est le fantasme.
En gros ce qu’il nous explique c’est que c’est « un imaginaire qui prend fonction signifiante ».
Il se sert du graphe du désir pour le démontrer. C’est la relation du bas du graphe du moi au petit autre qui remonte d’un cran, sur le haut du graphe pour constituer le fantasme, un fantasme inconscient, donc en tant que tel refoulé et qui ne se manifestera plus que sous la forme de symptômes.
On peut reprendre comme par exemple le fantasme de Dora, celui de la représentation d’un rapport sexuel par voie orale qui se manifestait par sa toux et son aphonie donc au titre de symptômes (ils se manifestent au niveau du message comme des effets de sens).
On peut les inscrire à nouveau sur le graphe sous la forme des deux lignes vertes
Ces fantasmes, fantasmes sadiques de l’obsessionnel par exemple, sont des scénarios : « quelque chose de profondément articulé dans le signifiant dont il s’agit ».
Ce n’est pas une sorte de déchaînement aveugle de l’instinct de destruction, ces fantasmes sadiques de l’obsessionnel, c’est un scénario que le sujet articule lui-même et où il se trouve représenté.
Donc en ce point du graphe intitulé S barré poinçon de petit a, Lacan commence à décrire la fonction de ces fantasmes sadiques de l’obsessionnel, fantasmes que nous avons déjà repérés dans l’histoire clinique de Renée (« j’ai rêvé que j’écrasais la tête du Christ et cette tête ressemblait à la vôtre »).
Voici ce que Lacan en écrit « « Ces fantasmes sadiques par exemple, dont c’est un fait d’expérience commune et de premier abord de l’investigation analytique des obsessionnels que de s’être aperçu de la place que ça tient chez l’obsessionnel, que cela tient dans le métabolisme de la transformation obsessionnelle, constituent les tentatives que le sujet comme tel fait pour vers une rééquilibration de ce qui est l’objet de sa recherche équilibrante, à savoir qui est quelque chose de se reconnaître face à son désir. »
Autrement dit face au désir de l’Autre que Lacan a écrit d°, Lacan au niveau de la formule du fantasme ce S barré poinçon de petit a, inscrit les fantasmes sadiques de l’obsessionnel, fantasmes que nous retrouvons à la pelle dans toutes ces observations, y compris celle de l’Homme aux rats, ne serait-ce qu’avec celui qui a provoqué son obsession majeure, celle du supplice des rats.
Voici donc ce graphe de l’obsessionnel
C’est à la suite de cette longue digression sur le fantasme que Lacan définit l’obsessionnel comme un Tantale. C’est une façon de commencer à s’occuper de cette lettre d ° qui s’inscrit en face de la formule du fantasme et qui se lit d zéro.
1 Comment
Bonjour,
C’est une lourde erreur que d’identifier le A à la mère comme vous le faites au début du texte. Lacan a fait de A un concept bien plus complexe que la personne réelle de la mère, on peut sans crainte de se tromper imaginer que c’est justement pour cela qu’il n’a pas appelé l’Autre, la mère. GB