Je vous propose à la lecture une petite formation de l’inconscient qui, je crois, n’a jamais été encore décrite : celle d’une maladresse de style qui n’est pas en mon honneur : Nous étions entrain de travailler, dans notre groupe de lecture des cinq psychanalyses, le début du texte de l’Homme aux rats. Freud essaie de décrire le mieux possible le grand délire obsessionnel de Ernst Lanzer, toutes les prouesses qu’il a du faire pour tenter de rembourser une dette qu’il n’avait jamais contractée au lieutenant A.
Dans le compte-rendu que je compte en faire, en repartant du texte de Freud, cela devient cette affreuse phrase lourde et redondante, redondance dont je ne me rends pas compte et qui est celle-ci: D’ailleurs Freud se rend compte de l’impossibilité de rendre compte de ce qui lui passe par la tête et de ce qu’il se croit obligé de faire pour réaliser son serment puisqu’il écrit : « Je ne serais pas surpris que le lecteur eut été incapable de suivre ce que je viens d’exposer… »
Là-dessus, un de mes interlocuteurs, sous un de ses multiples masques, me fait remarquer la maladresse de la phrase et sa lourdeur répétitive dans laquelle il y a déjà un glissement de sens entre « se rendre compte » et « rendre compte ».
Je prends en compte ce qu’il en a repéré et je prends alors conscience, je me rends compte que c’est toute la problématique de Ernst avec sa dette impossible à régler.
C’est son Surmoi qui lui demande des comptes, qui le persécute même, par rapport à cette dette qu’il ne put payer puisque ce n’est même pas la sienne mais celle de son père.
C’est vrai aussi que dans l’analyse, il s’agit de rendre compte de son histoire, de s’en rendre compte mais au total de cesser de se demander des comptes, par rapport à sa culpabilité.
Mais je vais même aller un peu plus loin, comme par hasard, tandis que j’écrivais ce petit bout de texte sur la grande obsession d’Ernst, j’étais accaparée par un autre comte, celui qui intervient dans l’un des très beaux rêves de Freud, le rêve dit du Comte de Thun. J’ai même hésité à l’écrire avec un P. C’est un vrai conte de fée ! Pour l’instant, je n’en sais pas plus.