Voici le texte du rêve où cette condensation de mots est mise en exercice et sa présentation : « Un jeune homme chez qui une de ses connaissances a sonné tard le soir pour remettre une carte de visite, rêve la nuit suivante : un commerçant attend tard le soir pour régler le télégraphe domestique ( Zimmertelegraf). Après qu’il est parti, ça sonne toujours, non pas de manière continue, mais par à-coups isolés. Le serviteur va rechercher l’homme, et celui-ci dit : c’est quand même bizarre que même des gens qui par ailleurs sont tutelrein, ne s’y entendent pas à gérer ce genre de situation ».
L’analyse de Freud s’exerce à plusieurs niveaux. Il nous explique en effet que la cause occasionnelle du rêve, ce coup de sonnette de la veille, n’arrive en effet à la signification qu’en venant se substituer à une autre sonnerie celle du Zimmertelegraf. Freud évoque en effet un incident antérieur, celui où jeune garçon il avait empêché son père de dormir en renversant un verre d’eau sur les fils du télégraphe et avait déclenché ainsi une sonnerie continue.
La sonnerie correspond au mouillage et les à-coups isolés à des gouttes qui tombent. Dans ce contexte de sonneries, il commence alors à décomposer ce tutelrein, en trois directions, celle de Tutelle, curatelle, celle de Tutel comme étant la désignation vulgaire du sein de la femme, et aussi rein qui veut dire propre.
Il indique que ce « rein se charge des premières syllabes de ce télégraphe domestique » qui est ce Zimmer pour devenir « Zimmerrein » (propre comme une chambre » « ce qui a à voir avec le fait de mouiller le parquet et outre cela fait encore écho à l’un des noms représentés dans la famille du rêveur ». A propos de ce mouiller le parquet, Freud indique dans une note que Zimmer (chambre) a pour sens étymologique bois de construction. Les signifiants pulsionnels qui sont à l’œuvre dans ce rêve sont donc des signifiants de l’érotisme urétral.
Dans sa note de la page 339 (traduction Lefebvre) où est analysé ce rêve, Freud évoque à propos de ce transfert de syllabes du Zimmer passant de Zimmertelegraf au zimmerrein, une « chimie syllabique» il indique qu’elle est à la source de beaucoup de plaisanteries. N’est-ce pas une façon de rendre compte de ce travail du rêve sans l’appui de la linguistique qui n’a pas encore été inventée en ces années 1900 ?
J’ai fait un schéma de l’alchimie syllabique de ce rêve avec cette condensation « tutelrein »