Le rêve de la « petite faiseuse d’anges »

Ce rêve sert d’exemple dans l’un des paragraphes de rêves typiques, des rêves de mort concernant des personnes chères. Tout comme le rêves de nudité doivent être accompagnés de gène, ceux de mort concernant les personnes chères doivent être eux aussi accompagnés de chagrin voire de larmes. Le désir exprimé dans ces rêves est bel et bien un désir de mort à l’égard de ces personnes pourtant aimées. Avant de présenter au titre d’exemple ce rêve de la petite faiseuse d’anges, Freud consacre deux ou trois pages à décrire ce qu’il en est de la jalousie infantile à l’égard des frères et sœurs et déploie toute une argumentation pour convaincre ses lecteurs de la réalité de ces désir de mort. «  Bien des gens qui aujourd’hui aiment leurs frères et sœurs et se sentiraient dépossédés par leur disparition, portent à leur rencontre dans leur inconscient, depuis une période précoce, de méchants désirs qui arrivent à se réaliser dans les rêves.

Une des analysantes de Freud prétendait n’avoir jamais eu cette sorte de rêves mais elle pensa soudain à un rêve qu’elle fit à l’âge de 4 ans et qu’elle répéta souvent par la suite. «  Une foule d’enfants, tous ses frères, sœurs, cousins et cousines faisaient les fous sur une pelouse. Tout à coup, il leur poussait des ailes, ils s’envolaient et on ne les voyait plus ».

Les enfants morts, selon les traditions religieuses, montent au ciel et deviennent des anges. Ils disparaissent de sa vue. Elle est enfin seule, enfant unique, ils étaient tous morts. A noter qu’au moins en français, se sentir pousser des ailes évoque un sentiment de liberté. Par contre, dans des temps anciens, la faiseuse d’anges était une femme qui pratiquait des avortements clandestins.

Freud rapproche ces désirs de mort à l’égard des personnes chères des deux structures de la névrose, celle de l’hystérie et celle de la névrose obsessionnelle, en marquant leur différence d’une façon plutôt amusante à propos de l’ amoralité. C’est à la page 291.

Cette amoralité de l’enfant est remise en scène dans l’hystérie, sa méchanceté, tandis que dans la névrose obsessionnelle c’est la lutte contre cette amoralité qui y est exacerbée.«  Quand le caractère primaire est déjà recouvert par le développement ultérieur, il peut être au moins partiellement, de nouveau dégagé par une affection hystérique. La concordance constatée entre un caractère dit hystérique et le caractère d’un vilain enfant est tout à fait remarquable. En revanche la névrose obsessionnelle correspond à une hyper-moralité, posée comme une charge de renfort pour contenir un caractère primaire qui se réactive. »

C’est tellement juste la façon dont Freud repère ce qu’il en est de la formation des symptômes, avec pré-éminence du retour du refoulé dans l’hystérie et pré-éminence des formations réactionnelles du coté de la névrose obsessionnelle !

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