Nous en sommes au chapitre II qui a pour titre « Histoire de la maladie et analyse », et au second sous-chapitre, à la page 110 des cinq psychanalyses. L’histoire de la maladie est composée des notes que le père du Petit-Hans faisait parvenir à Freud et bien sûr accompagné de ses commentaires. Ces notes sont datées et d’ailleurs divisées en sous-chapitres. Les premières que nous avons déjà relues sont datées des premiers jours de janvier de l’année 1908. lElles relatent l’apparition de sa phobie. Elle a été précédée d’un rêve d’angoisse. Il ne peut pas sortir dans la rue parce qu’il a peur qu’un cheval ne le morde. Nous avons déjà mis en place la triade, inhibition, symptôme, angoisse.
A la suite de cette première série de notes, Freud se risque à donner au père du Peti-Hans quelques conseils sur la conduite à tenir vis-à-vis de cette phobie : Tout d’abord il la nomme « Bêtise », nom de baptême que le Petit-Hans adoptera. Il lui fait également donner cette série d’explications : C’est parce qu’il aime beaucoup sa mère qu’il veut être pris dans son lit.
C’est parce que le fait-pipi des chevaux l’intéresse beaucoup qu’il a maintenant peur des chevaux.
Freud incite également le père du Petit-Hans à éclairer l’enfant sur ce fait que sa mère et les « créatures féminines » ne possèdent pas de fait-pipi.
Une deuxième série de notes est datée du premier au dix-sept mars. Il y a, après les explications fournies par le père, une légère amélioration de ses symptômes : Il peut se promener tous les jours dans le Stadpark. Il y a aussi une transformation de son symptôme : « la peur des chevaux se transforme de plus en plus en une compulsion à regarder les chevaux. Il dit « Il faut que je regarde les chevaux et alors j’ai peur ».
L’amélioration ne dure pas, et après une grippe puis une intervention chirurgicale, l’ablation des amygdales, l’enfant refuse de sortir si ce n’est sur le balcon. Cependant, le dimanche, comme il y a moins de voitures -ce sont des voitures à chevaux – il accepte d’aller avec son père jusqu’à Lainz. Le Père de Hans donne beaucoup de détails sur les chevaux, les fait-pipi et leurs allées et venues mais dans cette page 111 se trouve cette remarque de l’enfant en réponse à ce que lui dit son père :
« Le 2 mars, je dis à Hans, comme il manifeste à nouveau de la peur : Sais-tu ? La bêtise, c’est ainsi qu’il appelle sa phobie, perdra de sa force quand tu iras plus souvent te promener […]
Lui – Oh non, elle est si forte parce que je continue à mettre ma main à mon fait-pipi toutes les nuits »
La phobie est donc mise en lien avec l’interdit de la masturbation que ses parents exercent avec conviction. Et Freud rajoute à ce propos une note amusante « Le père de Hans n’avait aucune raison de douter que Hans ait raconté ici un événement réel – Les sensations de démangeaison au gland qui incitent les enfants à se toucher, sont d’ailleurs décrites ainsi en allemand « es beisst mich » = cela me mord. »
Pour lutter contre, le père propose à l’enfant de l’enfermer dans un sac le soir même !
Le père de Hans tient compte des conseils de Freud et commence à aborder avec lui la question de la différence des sexes, d’autant plus que Hans continue à espérer voir le fait-pipi d’une nouvelle servante qu’il aime bien et qu’il chevauche d’ailleurs comme un cheval.
Pour apporter un désaveu à cette affirmation du père, il développe un beau fantasme masturbatoire analogue à un rêve « Alors j’ai vu maman toute nue en chemise et elle m’a laissé voir son fait-pipi. J’ai montré à Grete, à ma Grete, ce que faisait maman et je lui ai montré mon fait-pipi. Hans maintient donc son point de vue au moins pour un temps : les femmes ont un fait-pipi. Les composantes voyeuriste et exhibitioniste sont également mise en jeu dans ce fantasme.
Dans les pages qui suivent Hans étend sa peur à toute une série d’autres grands animaux notamment éléphants et girafes. Les grands animaux ont un grand fait-pipi et, comme le suggère Freud, le sien ne souffre pas la comparaison.
Il se rassure cependant ; son fait-pipi grandira avec lui et il est « enraciné ».
En bref il décrit toutes les composantes de son complexe de castration. Cependant Freud ne semble pas attacher d’importance au fait qu’entre temps le Petit-Hans a été opéré des amygdales, il me semble que cela a dû augmenter pour le moins son angoisse de castration, le fait de se les faire couper.