Le désir de devenir psychanalyste n’est-il pas du même ordre que le désir qu’expriment les enfants de devenir aviateur, conducteur de train ou camionneur, instituteur ou brocanteur ?
Les analystes n’en parlent pas souvent parce que c’est de l’ordre de l’intime, mais quand surgissent des rêves en cours d’analyse où pour la première fois le timide désir d’exercer ce métier s’exprime de façon plus ou moins voilé on s’aperçoit alors à quel point un tel désir a de profondes racines inconscientes. Ce sont celles-ci une fois analysées, interprétées, qui permettent alors à chacun de savoir, selon la jolie formule de Lacan, de savoir s’il veut ce qu’il désire.
Je me souviens du premier rêve (il y en a eu d’autres) que j’ai fait en cours d’analyse et qui témoignait de ce désir de devenir psychanalyste. Je ne veux pas bien sûr en décrire toutes les implications mais je peux au moins en donner le contenu manifeste et vous laisser deviner son contenu latent. A l’époque dans la ville où nous habitions il y avait une rue très en pente. J’ai rêvé que je descendais cette rue confortablement assise dans un fauteuil, un fauteuil de psychanalyste. Il avait ceci de particulier d’être muni de roulettes. Ce rêve évoquait un souvenir d’enfance où je descendais effectivement une rue en pente sur une planche à roulettes que fabriquent un jour ou l’autre tous les enfants. Ce sont des jeux garçonniers qui deviennent par la suite interdit aux jeunes filles et qui m’ont laissé quelques regrets. Voilà où va se nicher ce désir de devenir psychanalyste !