Psychanalyse

Les effets de la lettre de Freud sur l’Homme aux loups

Le 6 juin L’homme aux loups répondit à la lettre de Freud[1] et à la question qu’il lui avait posé : avait-il vu avant ou après son rêve des loups, l’opéra La Dame du pique ? L’homme aux loups lui avait répondu du tac au tac en lui apportant deux nouveaux souvenirs de castration, l’un portant sur la castration des étalons, l’autre évoquant  une intervention chirurgicale chez une parente ayant des orteils surnuméraires et qu’on lui avait enlevé. Ce registre de la castration n’est ni symbolique, ni imaginaire, elle porte sur le Réel.

Métaphores et métonymies

Lacan a rapproché la métaphore et la métonymie de ces deux mécanismes du travail du rêve que sont la condensation et le déplacement. Ces termes méritent donc d’être définis, analysés  et comparés entre eux avant de pouvoir s’inscrire sur le graphe du désir.

 J’ai commencé par glaner un certain nombre de ces figures de style et de ces mécanismes et  tout d’abord quelques métaphores qui sont pour la plupart des métaphores poétiques

La déception de Freud par rapport à l’analyse de l’Homme aux loups

J’ai beau prendre  mon courage à deux mains et essayer  de  terminer la lecture des deux dernières pages de ce texte de Freud sur l’Homme aux loups, il s’agit du dernier chapitre, conclusif, qui a pour titre « Résumés et problèmes »,  il y a toujours quelque chose qui m’arrête en chemin. Cette fois-ci c’est la déception de Freud par rapport aux résultats obtenus dans cette analyse  qui lui a donné pourtant tant de mal. Je pense qu’il oublie qu’il en est en grande partie responsable et que ce n’est pas juste de tout verser au compte de son analysant.

Les trois raisons de sa révolte contre la religion (L’Homme aux loups)

Je piétine un peu sur  les deux avant dernières pages de ce texte de Freud sur L’Homme aux loups (pages 262 et 263 du « gardiner ») dans lesquelles il traite des trois raisons de sa révolte contre la religion, la première nous l’avons vu, c’est la fixité de ses investissements libidinaux. Doit-on y lire ses fixations sadiques anales et donc sa haine du père et sa révolte contre lui. Oui,  car nous les avons déjà trouvées décrites dans le corps du texte, notamment page 238 où Freud évoque sa révolte contre un Dieu cruel qui a été capable de laisser martyriser son fils et le laisser mourir sur la croix. Nous avons tous des souvenirs, au demeurant assez réalistes et effrayants de ces représentations du Christ, soit mort sur la croix, soit gisant, cadavérique,  sur les genoux de sa mère. Cela donne aux enfants une bien curieuse idée de ce qu’on peut attendre de l’aide de Dieu le père et surtout de ce qu’est la nature humaine, encore que de ce côté-là ils puissent en savoir quelque chose venant d’eux-mêmes, de leurs propres fantasmes.

La naissance du graphe du désir le 6 novembre 1957

 Un extrait de mon livre « Les Orthographes du désir » qui vient de sortir chez L’Harmattan ce premier juillet 2017. C’est un viens-avec-moi du graphe du désir.  

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La naissance du graphe du désir le 6 novembre 1957

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Dès les premières phrases de cette première séance du séminaire « Les formations de l’inconscient », Lacan nous annonce cette naissance du graphe : « Je vous expliquerai ce que signifie ce schéma auquel nous aurons à nous reporter dans toute la suite de notre expérience théorique cette année. Enfin je prendrai un exemple, le premier exemple dont se sert Freud dans son livre sur le trait d’esprit […] Et je commencerais de vous montrer à ce propos, comment le trait d’esprit se trouve la meilleure entrée pour notre objet, à savoir les formations de l’inconscient. Non seulement c’est la meilleure entrée, mais je dirai que c’est aussi la forme la plus éclatante sous laquelle Freud lui-même nous indique les rapports de l’inconscient avec le signifiant et ses techniques. »

La linguisterie inventée par Lacan

Au moment où, dans son séminaire « Les structures freudiennes des psychoses » en 1956 , Lacan analyse le grand délire de Schreber en mettant l’accent sur ses deux sortes de troubles du langage, il évoque pour les décrire les travaux de Saussure sur le signifiant et le signifié et surtout les rapports que ce signifiant et ce signifié peuvent avoir entre eux.
C’est là qu’on peut découvrir les tous premiers pas de Lacan, encore incertains, voire balbutiants mais néanmoins décisifs, sur ce qu’il appellera plus tard sa « linguisterie ». Ce terme il le choisira  pour  spécifier l’usage singulier qu’il fait de la linguistique car ce n’est pas sans quelques modifications de l’approche saussurienne du signifiant et du signifié qu’il la transfère dans le champ de la psychanalyse.

« Interroger la vérité en sa demeure »

Dans le séminaire d’Un discours qui ne serait pas du semblant Lacan prend appui sur le graphe du désir pour rappeler que l’écrit n’est jamais premier mais second par rapport à la parole et que donc ce graphe ne peut pas être abordé d’emblée mais repris pas à pas dans le fil de sa parole tout au long de ses années de séminaire. Ce n’est en effet que par rapport à cette parole qu’on peut donner sens à l’ensemble de ces trajets et surtout à toute la série de petites lettres qui sont incrites à leurs points de croisement. Par contre, une fois construit pas à pas, c’est alors qu’il peut prendre son efficace en interrrogeant de façon renouvelée ce qu’il en est de la clinique analytique car il en constitue l’assise logique.

« L’écrit n’est pas premier mais second par rapport au langage »

Il le dit et le répète : « C’est de la parole bien sûr que se fraie la voie vers l’écrit. Mes Ecrits, si je les ai intitulés comme ça, c’est qu’ils représentent une tentative, une tentative d’écrit, comme c’est suffisamment marqué par ceci que ça aboutit à des graphes. L’ennui, c’est que, c’est que les gens qui prétendent me commenter partent tout de suite des graphes. Ils ont tort, les graphes ne sont compréhensibles qu’en fonction, je dirai, du moindre effet de style des dits Ecrits, qui en sont en quelque sorte les marches d’accès. Moyennant quoi l’écrit, l’écrit repris à soi tout seul, qu’il s’agisse de tel ou tel schéma, celui qu’on appelle L ou n’importe quoi, ou du grand graphe lui-même, présente l’occasion de toutes sortes de malentendus. C’est d’une parole qu’il s’agit, en tant bien sûr et pourquoi, qu’elle tend à frayer la voie à ces graphes qu’il s’agit, mais il convient de ne pas oublier cette parole, pour la raison qu’elle est celle même qui se réfléchit de la règle analytique qui est comme vous le savez: parlez, parlez, pariez [?], il suffit que vous paroliez, voilà la boîte d’où sortent tous les dons du langage, c’est une boîte de Pandore ».

Le graphe du désir : une « cinétique signifiante »

 Un extrait de mon livre « Les orthographes du désir » qui vient de sortir chez L’Harmattan. C’est un viens-avec-moi du graphe du désir. Liliane Fainsilber. Dans la séance du 9 mai 1962 du séminaire L’Identification, Lacan évoque à nouveau son graphe du désir et il en parle dans un très curieux contexte celui d’une esthétique transcendantale qui serait à reprendre. Cela m’a donné l’occasion de préciser ce qu’est cette esthétique transcendantale en tant qu’elle fait partie de la philosophie kantienne. C’est, d’après ce que j’en ai lu, l’étude des formes a priori de la sensibilité à savoir l’espace et le temps.  L’esthétique transcendantale est en effet le nom de la première partie de La critique de la raison pure (Wikipédia). Or l’année de ce séminaire Lacan à propos de cette question de l’identification remet en cause la sphère et s’intéresse beaucoup aux tores.  Il présente notamment ce qu’il en est de…

Sur Le courage du psychanalyste

Enfin la conclusion !

Cette dernière partie, partie IX, est intitulée «  Résumés et problèmes ». Elle est elle-même divisée en trois parties. La première traite tout d’abord des difficultés d’exposition de ce cas, la seconde reprend en la résumant une vue d’ensemble de l’histoire de l’Homme aux loups, en fonction de la structuration progressive de sa névrose que l’on peut dire en gigogne, en son cœur, la phobie, puis l’hystérie et enfin la névrose obsessionnelle. La troisième partie évoque ce qu’il appelle  les « schémas héréditaires phylogénétiques qui assurent comme des « catégories » philosophiques le classement des impressions de la vie ». Nous pourrons mettre, je pense cette partie en relation avec ce qu’il a écrit dans d’autres textes tels que Totem et tabou, ou encore, dans les Essais de psychanalyse, à propos du Surmoi.

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