En relisant le séminaire de Lacan, L’Ethique de la psychanalyse, j’ai relu bien sûr dans la foulée l’Antigone de Sophocle. A l’occasion de cette relecture je me suis demandée pour quelles raisons Lacan a abandonné soudain nos assises tragiques analytiques, celles de l’Œdipe et d’Hamlet, pour mettre en avant le personnage d’Antigone, un personnage féminin.
Pasiphaé et ses amours taurines
Pour aller en bacchanales
Evocations tragiques de l’Oedipe de la petite fille
Liliane Fainsilber
(Extraits du livre « La place des femmes dans la psychanalyse »
paru chez L’Harmattan en 1999)
J’ai emprunté ce titre à Georges Brassens. Avec ces bacchanales, il évoque ainsi la possibilité pour une femme d’atteindre le septième ciel. Elles sont donc promesses de jouissances corporelles sans entraves. Le poète redonne ainsi une nouvelle vie à cette expression un peu vieillie, presque tombée en désuétude, qui est devenue synonyme d’orgies ou de débauches. Ces bacchanales on en effet perdu leurs lointaines attaches à la célébration des cultes de Dionysos quand les femmes, dans les montagnes du Cithéron, étaient en proie à la mania divine et que, tombant en état de transe, elles démembraient alors, à mains nues, jeunes chevreaux ou biches, et mangeaient tout crus ces morceaux ensanglantés de chair vive.
Une remise en cause du masochisme féminin
Lacan, dans un texte des Écrits, « Propos directifs pour un congrès sur la sexualité féminine », réinterroge le masochisme, sous cette rubrique « Méconnaissances et préjugés ». Il y souligne le fait qu’il est quand même bien surprenant d’ériger ce masochisme, pourtant étroitement associé à une pulsion partielle, celle de l’érotisme anal, comme une sorte de modèle valorisé, gage de réussite de la position féminine. Il devient ainsi le garant « de la maturité génitale ».