Psychanalyse

Rêve d’un chimiste

Ce rêve se trouve p. 423 de l’Interprétation du rêve ( version J.P Lefebvre)  dans le chapitre consacré à la symbolique dans le rêve.  Freud nous indique que c’est le rêve d’un chimiste qui essaie d’abandonner ses activités masturbatoires pour les tourner vers l’objet féminin.   Il est en fait composé de deux parties. “ Il doit faire du bromure de phénylmagnésium, voit l’appareillage très nettement, mais il s’est lui-même substitué au magnésium.  Il est alors dans un état général bizarrement vacillant, ne cesse de se dire : c’est ce qu’il faut, ça va, mes pieds se dissolvent déjà […] là-dessus il se réveille partiellement, se répète le rêve parce qu’il veut me le raconter. Il a peur directement que le rêve se dissoulve, pendant tout ce demi-sommeil il est très énervé et ne cesse de se répéter : phényl, phényl

La deuxième partie du rêve : “ Il est avec toute  sa famille à … ing, il doit être à onze heures trente à un rendez-vous au Schottentort avec une certaine dame, mais il ne se réveille qu’à onze trente. Il se dit qu’il est trop tard pour y arriver, il sera midi et demi. Le moment d’après il voit toute sa famille assemblée autour de la table et de manière particulièrement nette sa mère et sa bonne avec la soupière.  il se dit alors : bon si on mange déjà, bien sûr que je  ne peux plus partir.”  

Le Noeud Borroméen et quelques règles données par Lacan concernant son maniement ( version podcast) 

Bienvenue sur ce site de podcasts Une psychanalyse à fleur d’inconscient.  Claude Lévi-Strauss, dans l’un de ses ouvrages, “La Pensée sauvage”, avait consacré un chapitre à ce qu’il appelle l’art du bricolage. Je trouve que la façon dont Lacan utilise ces bouts de ficelle relève en effet de cet art.

C’est en 1972 que Lacan a emprunté à Guilbaud ce nœud borroméen. Il a trouvé qu’il lui allait « comme bague au doigt » pour y démontrer ce qu’il avait déjà mis en évidence depuis fort longtemps, les trois registres du symbolique, de l’imaginaire et du réel (1).
Théodule Guilbaud était un mathématicien qui s’était lui aussi intéressé à l’application des mathématiques aux sciences sociales.

Je voudrais vous parler aujourd’hui de l’usage que Lacan a essayé de faire de ce nœud borroméen en le transplantant dans le champ de la psychanalyse.

C’est d’une façon très tardive, de 1973 à 1976, au cours des trois séminaires « Les non-dupes errent », « RSI » et « le Sinthome », qu’il élabore alors un nouveau mode d’approche de la psychanalyse avec sa théorie des nœuds, avec ce qu’il appelle ses ronds de ficelle.

Comment Hanns Sachs analyse le rêve de Bismarck, sans la présence, ni l’aide du rêveur (Suite)

C’est intéressant de voir comment, malgré l’absence du rêveur et de ses associations, l’analyste, Hanns Sachs analyse ce rêve grâce justement à la symbolique du rêve mais aussi en prenant appui sur les circonstances dans lesquelles Bismarck avait fait ce rêve, circonstances qui sont rapportées par l’auteur de ce rêve dans ses mémoires.

Pour rappel, je reprends le texte de ce rêve : “ J’ai rêvé et raconté dès le lendemain matin à ma femme et à d’autres témoins que je chevauchais sur un étroit sentier des Alpes, l’abîme à droite, les rochers à gauche ; le sentier se rétrécissait soudain, en sorte que le cheval se mettait à refuser et il était impossible à cause du manque de place de faire demi-tour ou de descendre de cheval ; j’ai alors frappé avec ma cravache, que je tenais dans la main gauche; sur la paroi rocheuse entièrement lisse en implorant Dieu. La cravache s’est alors allongée à l’infini, la paroi à basculé comme un décor de théâtre, découvrant un large chemin avec vue sur les collines et une vaste forêt comme en Bohème, ainsi que des troupes prussiennes derrière leurs drapeaux, et en moi-même, toujours dans le rêve, je pensais à la façon dont je pourrais promptement faire savoir tout cela à votre majesté. Ce rêve s’est accompli et je m’en suis réveillé joyeux et ragaillardi.”
Nous en sommes donc p. 419. Le titre du paragraphe étant intitulé “ Un rêve de Bismarck”.

Le récit du rêve de Bismarck avec sa cravache qui s’allonge à l’infini

Nous en sommes encore à travailler les rêves démontrant le rôle de la symbolique dans le rêve. Nous avons exploré ce rêve de la fiancée déçue (son mariage avait été retardé). C’était un rêve de nuit de noces, à la fois un rêve de défloration et de fécondation.
Il s’agissait donc de la manifestation du désir sexuel, au féminin.Avec ce rêve de Bismarck il s’agit donc du désir masculin avec un beau symbole celui de la cravache qui s’allonge à l’infini et qui comme par miracle lève tous les obstacles. nous en sommes donc p. 419. Le titre du paragraphe étant intitulé “ Un rêve de Bismarck”.

Deux rêves de castration

Dès les années 1900, au moment où Freud écrit son oeuvre initiale l’Interprétation des rêves, il analyse déjà quelques rêves qu’il met sous la rubrique “ Rêves de castration”. C’est donc là qu’il en découvre la dimension clinique.
Parmi tous ces rêves, J’en ai retenu deux qui abordent si on peut dire clairement la question. Pour le premier Freud écrit “ Un garçon de trois ans et cinq mois, qui visiblement accepte mal le retour de campagne de son père, se réveille un matin perturbé et énervé et répète sans cesse la question ; pourquoi papa a porté sa tête sur une assiette ?
Ce rêve ne peut que nous faire penser aussi bien à l’histoire d’Hérodiade qui, à la demande de sa mère, avait demandé que la tête de Saint Jean lui soit apportée sur un plateau. Pour le séduire, elle avait donc à cette occasion, dansé devant lui, la danse des sept voiles. On peut aussi penser, bien sûr, à l’histoire de Judith et Holopherne. Même si Judith, après l’avoir tranché, avait déposé cette tête dans un panier et non plus sur un plat.
Ce premier rêve exprime donc que cette crainte de castration est liée à une idée de vengeance du père par rétorsion. C’est l’enfant qui a d’abord souhaité castrer son père.
Le second rêve que Freud lui a adjoint exprime alors cette angoisse de castration. C’est le rêve d’enfance d’un étudiant souffrant d’une grave névrose obsessionnelle. Il se souvient que dans sa sixième année, il avait souvent rêvé ceci “ Il va chez le coiffeur se faire couper les cheveux. Arrive une grande femme aux traits sévères, qui approche de lui et lui tranche la tête. il reconnait cette femme comme étant sa mère.”
C’est le moins qu’on puisse dire, ce type de rêves fait dans l’enfance ne doit pas contribuer à favoriser les rapports harmonieux entre les hommes et les femmes une fois devenus adultes.

Le rêve d’une femme du peuple

Ce rêve d’une femme du peuple dont le mari est agent de police figure p. 407 de l’ouvrage version J.P Lefebvre.  Il figure à titre d’exemple de symbolisme, celui où l’organe masculin est symbolisé par des personnages ( trois) le policier flanqué de deux gredins et l’organe féminin comme un beau paysage arboré.  Voici le texte de ce rêve : “ … et qu’alors quelqu’un était entré pas effraction dans l’habitation et qu’elle avait eu très peur et appelé un agent. Mais que celui-ci s’était rendu en compagnie pacifique de deux pélerins avec qui il était d’accord dans une église où l’on montait par plusieurs marches ; que derrière l’église il y avait une montagne et tout en haut une épaisse forêt […] Que devant l’église un chemin menait à la montagne. Que celle-ci des deux côtés, était couverte d’herbe et de broussailles de plus en plus épaisses, qui se transformaient en haut de la montagne en une épaisse forêt.” 

La fonction secrète de l’hystérie dans la transmission de la psychanalyse

Parmi toutes les manifestations de l’inconscient, celles des rêves, des symptômes et des traits d’esprit, comment peut-on définir l’Hystérie?
Il est bien certain que quand on traite une femme d’hystérique ce n’est pas un compliment. C’est plutôt de l’ordre de l’injure.
C’est pour réhabiliter l’hystérie, lui redonner ses titres de noblesse que j’ai choisi, dans l’un de mes premiers livres, ce terme d’éloge à son sujet. « Eloge de l’hystérie », et d’ailleurs en mettant, pour une fois, à l’encontre de toutes les idées reçues, cette hystérie du côté du masculin. Son titre complet étant « Eloge de l’hystérie masculine » avec comme sous-titre “sa fonction secrète dans les renaissances de la psychanalyse”
C’est un renversement qui est très utile, car, du coup, les analystes qui se sont toujours beaucoup intéressé aux femmes hystériques sont mis, à leur tour, sur la sellette, interrogés sur leur propre hystérie, sur leurs symptômes et donc sur leur désir inconscient.

L’hystérie je la définirai donc comme une aptitude humaine fort répandue, celle de pouvoir traduire les douleurs psychiques intolérables en douleurs corporelles.
C’est Madame Cécilia M., une mystérieuse héroïne des Études sur l’hystérie, qui a donné à Freud le secret de fabrication du symptôme hystérique.

Le second rêve de la femme agoraphobique (celle qui s’était fait un chapeau de paille avec les organes génitaux de son mari) ( Partie I)

Ce second rêve de la jeune femme agoraphobique se trouve p. 403 de “L’interprétation du rêve” (traduction J-P Lefebvre), sous ce titre de chapitre “ Le petit est l’organe génital – être écrasé par une voiture est un symbole de rapport sexuel”.

Voici le texte de ce rêve : “ sa mère fait partir sa petite fille afin qu’elle soit obligée d’aller seule. Elle est ensuite avec sa mère dans le train et voit sa petite aller directement sur les rails, où elle ne peut donc que se faire écraser. On entend les os qui craquent ( là elle éprouve une sensation désagréable, mais n’est pas vraiment épouvantée). Après cela elle se retourne depuis la fenêtre du wagon, en regardant si derrière on ne voit pas les morceaux. Puis elle fait des reproches à sa mère qui a laissé la petite partir toute seule.”

Les associations du rêve et les interprétations de ce rêve méritent d’être suivis ligne à ligne, parce qu’on y découvre donc dans ce chapitre sur le symbolisme dans les rêves qui a été rajouté en 1914, soit 14 ans après la première édition, les premières ébauches de l’élaboration freudienne du complexe de castration féminin. On y découvre à l’état naissant également, ce qu’il développera bien plus tard avec l’aide des analystes femmes, des étapes pré-oedipiennes de la sexualité féminine, dans la relation de la petite fille à sa mère.

Le rêve d’une agoraphobique

Ce rêve qui est l’un de mes préférés (avec le rêve de Freud dit du WC de campagne)l figure sous le nom rêve d’une agoraphobique et se trouve p. 401 de la traduction Jean-Pierre Lefèbvre.

Il trouve place dans ce chapitre que Freud consacre au symbolisme, mais justement pour y apporter une sorte de restriction, de limite, de ses pouvoirs dans l’interprétation des rêves. Il rappelle que
l’essentiel est en effet de prendre appui sur les associations du rêveur et que le symbolisme n’en est qu’un adjuvant qui ne vient en quelque sorte que conforter ce qu’on peut déduire quant au déchiffrage de ce rêve à partir de ces associations.
“ Mais je voudrais ici aussi mettre en garde expressément contre la surestimation de la signification des symboles pour l’interprétation du rêve, contre la réduction par exemple du travail de traduction du
rêve à une traduction de symboles et contre l’abandon de la technique d’exploitation des idées qui viennent à l’esprit du rêveur. Les deux techniques doivent se compléter l’une l’autre. Mais sur le plan
pratique aussi bien théorique la priorité demeure au procédé initialement décrit, qui attribue aux propos exprimés par le rêveur la signification décisive, tandis que la traduction des symboles à
laquelle nous nous livrons vient s’ajouter comme une ressource auxiliaire.”

Voici le texte de ce beau petit rêve :

“ Je me promène en été dans la rue, je porte un chapeau de paille d’une forme particulière, dont la partie médiane est recourbée vers le haut, et dont les côtés pendant vers le bas ( la description se bloquant ici un instant) et de telle manière qu’une partie latérale se trouve plus basse que l’autre. Je suis joyeuse et d’humeur confiante, et au moment où je passe devant une troupe de jeunes officiers, je pense à part moi : vous tous, vous ne pouvez rien me faire du tout”.

Le rêve d’une amie de Freud

Le rêve se trouve page 383, dans le chapitre “ le travail du rêve ». Il est introduit par une phrase que, pour ma part, je n’arrive pas à bien déchiffrer. Je vous laisse donc le soin de l’interpréter vous-même en fonction du rêve cité : “Je ferai maintenant état d’un rêve dans l’analyse duquel la mise en image de la pensée abstraite joue un rôle plus important. La différence entre ce genre d’interprétation du rêve et celle qui recourt au symbolisme ne cesse pas cependant d’être très nettement marquée. Dans l’interprétation symbolique du rêve, la clé de la symbolisation est arbitrairement choisie par l’interprète du rêve. Dans les cas de déguisements langagiers que nous citons, les clés sont universellement connues et données par la pratique langagière établie. Quand on dispose de la bonne idée spontanée dans la bonne circonstance, on peut aussi, soit totalement, soit partiellement résoudre des rêves de cette nature indépendamment des indications du rêveur.”

Est-ce que, en cette circonstance, Freud ne nous indique pas qu’il n’utilise pas ce symbolisme mais sa connaissance de la vie de son amie pour l’interpréter ?

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