Voici un petit topo pour savoir où nous en sommes de cette lecture (supplément à l’histoire d’une névrose infantile) . Nous abordons le chapitre V intitulé : « Le diagnostic » c’est là que va être abordée par l’analyste la question de la psychose de l’Homme aux loups, de sa « paranoïa à forme hypocondriaque ». Les termes utilisés par elle ne sont pas des termes analytiques mais des termes psychiatriques, termes qui au demeurant ne semble jamais avoir été utilisés par Freud (mais c’est à vérifier).
« Du haut d’un gratte-ciel » avec l’analyste
Si on repart du rêve des icônes brisées, puis de celui du beau paysage de la scène primitive, si beau qu’il pourrait le peindre – montrant ainsi une possibilité de sublimation, celle la peinture, Ruth indique que dans la réalité il n’a pas encore franchi ces étapes qui étaient décrites dans les rêves. Suit donc un autre rêve mais qui ne semble pas avoir été rapporté textuellement. Je crois que c’est plutôt le récit qu’en fait Ruth M.B. Je trouve qu’il est en grande partie, en tant que tel, indéchiffrable : « le jour suivant il rapport un rêve dans lequel il est couché à ma pieds, ce qui est un retour à la passivité ». Est-ce comme un chien, un chien de berger, un loup ? Puis, en apparence lié à cette phrase, à la suite, elle indique : « il se trouve avec moi dans un gratte-ciel, il n’y a pas d’autre issue qu’une fenêtre (voir le rêve des loups primitif et aussi le rêve ci-dessus) de cette fenêtre une échelle descend vertigineusement jusqu’au sol. Pour sortir il lui faut passer par cette fenêtre. C’est à dire qu’il ne peut pas rester dedans, regardant dehors comme dans l’autre rêve, mais il doit surmonter sa peur et sortir. Il s’éveille en proie à une grande angoisse et cherchant désespérément une autre issue.
Arès et Aphrodite surpris par Vulcain : un mythe de la scène primitive
Au moment où nous avons commencé à lire les nombreux rêves de l’Homme aux loups qui ont tous pour thème le désir de la mort de Freud, des dermatologues et des médecins ainsi que le désir de les castrer, il se trouve que j’ai travaillé en même temps le début du séminaire « Le désir et son interprétation ». Ce qui m’a intriguée c’est le fait que Lacan, dans le cadre de ce séminaire ayant donc pour thème la question du désir, commence par analyser toute une série de rêves concernant le désir de la mort du père. Tout d’abord celui du père mort et qui ne le savait pas, puis, il est vrai qu’il ne fait que l’évoquer, l’un des rêves de Freud où son père mort ressemblait à Garibaldi. Enfin quand il arrive au rêve du chaperon, rêve de l’analysant d’Ella Sharpe, on s’aperçoit que l’analyste centre encore et à nouveau toute la problématique de l’analysant sur la question du désir de la mort de son père. Mais là il y a quand même un changement, car dans ce rêve apparaissent quand même deux femmes, sa propre femme qui assiste impassible à un jeu sexuel de son mari avec une autre femme, jeu sexuel au cours duquel cette autre femme voulait attraper son pénis, littéralement s’en emparer.
Les différentes versions du rêve des loups tout au long de ses années d’analyse
Le rêve d’enfance
« J’ai rêvé qu’il fait nuit et que je suis couché dans mon lit (les pieds de mon lit étaient tournés vers la fenêtre, devant la fenêtre se trouvait une rangée de vieux noyers. Je sais que c’était l’hiver, quand je rêvais et la nuit). Tout à coup la fenêtre s’ouvre d’elle-même, et je vois avec une grande frayeur que sur le grand noyer devant la fenêtre quelques loups blancs sont assis. Il y en avait six ou sept. Les loups étaient tout blancs et avaient plutôt l’air de renards ou de chiens de berger, car ils avaient de grandes queues comme les renards, et leurs oreilles étaient dressées comme chez les chiens, quand ils font attention à quelque chose. Dans une grande angoisse, manifestement, d’être mangé par les loups, je criai et me réveillai. » p.190.
Fantasme, symptôme et Idéal du moi sur le graphe du désir
J’ai repensé ce matin à cette question du fantasme et à ce qu’il devient au cours de l’analyse. il y a un texte qui me sert toujours de référence et que je trouve absolument magnifique pour sa grand rigueur logique, c’est le texte de Freud « Les fantasmes hystériques dans leur rapport à la bisexualité ». Ces fantasmes sont toujours des fantasmes inconscients et on ne peut les retrouver qu’une fois les symptômes interprétés. Cela c’est le premier point. Mais d’autre part ces symptômes participent à la formation de l’Idéal du moi à la sortie de l’œdipe. Exemple c’est en toussant comme son père que Dora s’identifie à lui (ce faisant ce n’est pas à sa mère qu’elle s’identifie)
Le deuil du phallus au moment du « déclin de l’Œdipe »
Je cherchais comment reprendre cette série de rêves de castration tels que les organise ensemble Ruth Mack Brunswick (pages 290 à 294) et je suis tombée sur une séance du séminaire le désir et son interprétation qui peut nous servir de nouvelle grille, séance du 29 avril 1959 : Il s’agit de ce que Lacan appelle « deuil de l’objet » qui est deuil du phallus et qui marque en tant que tel ce qui est nommé par Freud « déclin de l’Œdipe » ou encore sa sortie.
Rêves de castration et une nouvelle édition, une réactualisation, du rêve des loups dans son analyse avec Ruth
Sur trois ou quatre pages, pages 290 à 294, Ruth Mack Brunswick rapporte toute une série de rêves décisifs pour cette analyse. Ils s’enchaînent les uns avec les autres et il devient difficile d’en rendre compte en raison de l’abondance du matériel. Je tente d’abord de les présenter ensemble avec la façon dont ils s’articulent l’un par rapport à l’autre et je les reprendrais ensuite un par un.
Les trois rêves après le coup de massue de Ruth
Nous en sommes pages 290 et 291 du gardiner, dans le chapitre « le cours de l’analyse actuelle ». Ruth l’avoue en toute sérénité « … ma technique consista à détruire par tous les moyens cette idée du patient qu’il fut le fils préféré de Freud, car il était évident que grâce à cette idée il se mettait à l’abri de sentiments d’un toute autre nature. Je lui fis toucher du doigt sa position réelle par rapport à Freud et l’absence totale (ce que je savais par Freud lui-même être la vérité) de tous rapports sociaux et personnels entre eux. »
Enfin la haine du père se dévoile sous le masque de l’amour
Dans « le cours de l’analyse actuelle », p. 287, il y est de bout en bout question d’argent, des subsides donnés par la communauté analytique, puisque Freud faisait une collecte, en faveur de l’Homme aux loups, le fait que ce dernier avait caché à Freud le capital qu’il possédait sous la forme de ses bijoux, les consultations avec les dermatologues et les médecins qu’il payait ou qu’il ne payait pas. Ce point étant lié par lui, comme dans l’histoire de Dora à la puissance virile. Il s’agissait d’en avoir ou pas.
« Sous la pantoufle de sa femme »… et de ses psychanalystes
Très surprenant : alors que dans les trois premiers chapitres j’ai trouvé l’approche analytique de Ruth très pertinente, soudain dans ce nouveau chapitre « Le cours de l’analyse actuelle » elle est très antipathique. Je la trouve culottée et trop sûre d’elle et même animée de mauvaises intentions à l’égard de son analysant. En bref le contre-transfert semble plutôt négatif.