Ce fantasme est une étape essentielle de ce que Lacan a appelé cette « phobie en marche ». Il est mentionné page 116 et 117 des cinq psychanalyses. Dans la nuit du 26 au 27 mars, donc plus de trois mois après le début de ses troubles, le père du Petit Hans rapporte ainsi ce fantasme de deux girafes :
1 – Lacan et les cinq psychanalyses
Il n’existe pas de sténotypies des trois premiers séminaires de Lacan (ceux avant les Ecrits techniques de Freud), on sait qu’ils avaient été consacrés aux commentaires de trois des cinq psychanalyses, celle de Dora, de l’Homme aux rats et de l’Homme aux loups. Cependant restent, pour Dora, le texte des Ecrits, « Intervention sur le transfert », pour L’homme aux rats, « Le mythe individuel du névrosé ». Quelques notes existent témoignant du séminaire consacré à l’Homme aux loups, notes prises par ses auditeurs. on en retrouve quelques traces dans les séminaires qui suivent, ceux des Ecrits techniques et du moi dans la théorie analytique ainsi d’ailleurs que dans les séminaire des Psychoses à propos du concept de la forclusion.
Freud et Lacan lisent Hamlet
Dans le séminaire « Le désir et son interprétation », Lacan commence par évoquer des rêves de mort du père puis il reprend ensuite très longuement le grand rêve du patient d’Ella Sharpe, le rêve dit du chaperon. Ce n’est qu’en troisième partie de ce séminaire qui entreprendra une lecture ligne à ligne de la tragédie d’Hamlet. Certes on peut justifier cet enchaînement du séminaire par son point de départ qui est celui du désir de la mort du père, désir qui est commun aussi bien au patient d’Ella Sharpe qu’à cet être de fiction, ce personnage d’Hamlet, mais cela ne saurait suffire par rapport au titre de ce séminaire qui pose la question du désir et de son interprétation et donc l’accès ou non à l’objet féminin. Or comme le plus souvent c’est par un retour au texte de Freud, que nous pouvons donner un bel éclairage du fil conducteur qui anime ce séminaire de Lacan. Il nous permet de l’interpréter.
Les trois pères dans la traversée de l’Œdipe
Nous pouvons déjà repérer dans ces séances consacrées à la métaphore paternelle ‘dans le séminaire des Formations de l’inconscient, que Lacan explore toutes les questions que soulève l’Œdipe, celle bien sûr de la névrose, avec au coeur de celle-ci, les difficultés théoriques et cliniques que pose l’Œdipe dit inversé, celui où le sujet, le garçon, souhaite être aimé de son père comme une femme, dans une position féminine passive. Il évoque aussi la question des perturbations qui se produisent dans le champ de la réalité perturbations qui sont communes, quoique de façon différente, à la perversion et à la psychose.
Du « Gain de plaisir » de Freud au « Plus-de-jouir » de Lacan
Dans la seconde séance des non dupes errent Lacan se réfère à un texte de Freud qui n’est pas facile à trouver. Son titre exact est « Quelques additifs à l’ensemble de l’interprétation des rêves », ajout qui date de 1925. Lacan s’y intéresse à ce qu’il nomme « les limites de l’interprétation ».
Au cours de cette séance des non dupes errent, il parle en effet de la mathématique freudienne et on peut mesurer que ce qu’il pose comme strictement équivalent à sa mathématique à lui, sa mathématique analytique, c’est la stricte équivalence entre ce que Freud appelle « gain de plaisir » et, lui, « Plus de jouir ». Or ce que Freud définit comme ce gain de plaisir c’est ce qu’apporte le rêve en permettant au désir inconscient de se manifester comme retour du refoulé. Dans le rêve tout est permis… ou presque.
Le cogito comme un passage à l’acte
Donc dans ce séminaire de l’Identification, au moment même où il intègre le je pense donc je suis dans sa propre énonciation celle du signifiant représentant le sujet pour un autre signifiant, il décrit le cogito comme étant de l’ordre du passage à l’acte.
Le « je pense donc je suis » relu et interprété en termes de logique du signifiant
Lacan commence son séminaire sur l’Identification en prenant appui, dès les premières séances, sur Descartes et son cogito et là, par rapport aux séminaires précédents, il entre si je puis dire dans le vif du sujet puisqu’il va intégrer, et même interpréter le je pense donc je suis dans une référence au signifiant et à ses effets, ses effets de sujet.
La théorie du désir est une « remise en cause du je pense donc je suis de Descartes »
Dans la première des occurrences du cogito cartésien, dans le séminaire des formations de l’inconscient, Lacan évoque la nocivité du cogito cartésien, mais cette nocivité semble être liée, par lui, à notre façon de l’interpréter : « Si le thème du cogito cartésien garde assurément toute sa force, sa nocivité, si je puis dire, tient en cette occasion à ce qu’il est toujours infléchi. Ce je pense, donc je suis, il est difficile de le saisir à la pointe de son ressort, et il n’est peut-être d’ailleurs qu’un trait d’esprit ».
Le cogito inscrit sur le graphe du désir
Une des occurrences du cogito cartésien se trouve dans le séminaire du Désir et de son interprétation dans la seconde séance de ce séminaire au moment où il reconstruit à nouveau le graphe du désir à deux étages, en dédoublant les deux lignes de l’énoncé et de l’énonciation. C’est au niveau de cette ligne pointillée de l’énonciation qu’il va inscrire, en passant, sans s’y arrêter davantage, ce qu’il en est du « je pense donc je suis » de Descartes.
« En nous un sujet pense » Première approche du cogito cartésien dans le séminaire des Formations de l’inconscient
La première intervention de Lacan concernant le cogito cartésien se trouve dans le séminaire des Formations de l’inconscient, elle surgit à propos du trait d’esprit : il faut que le sujet lui-même reconnaisse le trait d’esprit en tant que tel mais cette reconnaissance ne peut passer que par l’Autre. C’est donc dans ce contexte qu’il évoque le sujet, le sujet du je pense donc je suis.