Ce rêve se trouve p. 413. J’ai un peu perdu le fil pour savoir comment il s’inscrit dans la démonstration de Freud, Enfin, il fait au moins partie du grand chapitre “ Travail du rêve” Il est décrit par Freud pour illustrer la rubrique sous lequel il figure “ Sentiment de réalité et figuration de la répétition”.Là encore c’est une psychanalyse en miniature que Freud décrit en quelques phrases. Cet analysant, âgé de 35 ans raconte un rêve qu’il avait fait à l’âge de 4 ans. C’est le notaire, celui qui s’était occupé du testament du père qui lui avait apporté ces deux poires, les poires de l’empereur. il avait perdu son père quand il avait trois ans.
Le texte du rêve est donc :
“ Le notaire chez qui était déposé le testament du père apportait deux grosses poires impériales et lui en donnait une à manger. L’autre était sur l’appui de la fenêtre dans la salle de séjour. Il se réveillait convaincu de la réalité de ce qu’il avait rêvé et réclamait obstinément à sa mère la seconde poire, prétendant qu’elle était sur l’appui de la fenêtre. Ce qui avait fait rire sa mère”.
Le rêve d’une agoraphobique
Ce rêve qui est l’un de mes préférés (avec le rêve de Freud dit du WC de campagne)l figure sous le nom rêve d’une agoraphobique et se trouve p. 401 de la traduction Jean-Pierre Lefèbvre.
Il trouve place dans ce chapitre que Freud consacre au symbolisme, mais justement pour y apporter une sorte de restriction, de limite, de ses pouvoirs dans l’interprétation des rêves. Il rappelle que
l’essentiel est en effet de prendre appui sur les associations du rêveur et que le symbolisme n’en est qu’un adjuvant qui ne vient en quelque sorte que conforter ce qu’on peut déduire quant au déchiffrage de ce rêve à partir de ces associations.
“ Mais je voudrais ici aussi mettre en garde expressément contre la surestimation de la signification des symboles pour l’interprétation du rêve, contre la réduction par exemple du travail de traduction du
rêve à une traduction de symboles et contre l’abandon de la technique d’exploitation des idées qui viennent à l’esprit du rêveur. Les deux techniques doivent se compléter l’une l’autre. Mais sur le plan
pratique aussi bien théorique la priorité demeure au procédé initialement décrit, qui attribue aux propos exprimés par le rêveur la signification décisive, tandis que la traduction des symboles à
laquelle nous nous livrons vient s’ajouter comme une ressource auxiliaire.”
Voici le texte de ce beau petit rêve :
“ Je me promène en été dans la rue, je porte un chapeau de paille d’une forme particulière, dont la partie médiane est recourbée vers le haut, et dont les côtés pendant vers le bas ( la description se bloquant ici un instant) et de telle manière qu’une partie latérale se trouve plus basse que l’autre. Je suis joyeuse et d’humeur confiante, et au moment où je passe devant une troupe de jeunes officiers, je pense à part moi : vous tous, vous ne pouvez rien me faire du tout”.
Le rêve d’une amie de Freud
Le rêve se trouve page 383, dans le chapitre “ le travail du rêve ». Il est introduit par une phrase que, pour ma part, je n’arrive pas à bien déchiffrer. Je vous laisse donc le soin de l’interpréter vous-même en fonction du rêve cité : “Je ferai maintenant état d’un rêve dans l’analyse duquel la mise en image de la pensée abstraite joue un rôle plus important. La différence entre ce genre d’interprétation du rêve et celle qui recourt au symbolisme ne cesse pas cependant d’être très nettement marquée. Dans l’interprétation symbolique du rêve, la clé de la symbolisation est arbitrairement choisie par l’interprète du rêve. Dans les cas de déguisements langagiers que nous citons, les clés sont universellement connues et données par la pratique langagière établie. Quand on dispose de la bonne idée spontanée dans la bonne circonstance, on peut aussi, soit totalement, soit partiellement résoudre des rêves de cette nature indépendamment des indications du rêveur.”
Est-ce que, en cette circonstance, Freud ne nous indique pas qu’il n’utilise pas ce symbolisme mais sa connaissance de la vie de son amie pour l’interpréter ?
Un rêve où Freud est accusé du vol d’un objet perdu !
Ce rêve est décrit par Freud dans le grand chapitre qui concerne “Le travail du rêve”. Il fait partie des rêves où il y a inhibition, l’impossibilité de faire quelque chose. Il se trouve à la page 377 de la traduction Jean-Pierre Lefébvre. Il est introduit par cette question qu’il pose » Que signifie cette sensation de mouvement inhibé si fréquente dans le rêve et qui s’approche tant de l’angoisse ? On veut s’en aller et on ne bouge pas de là, on veut faire quelque chose de particulier et on bute continuellement sur des obstacles […] il est commode mais insuffisant de répondre qu’il y aurait dans le sommeil une paralysie motrice qui se signalerait par la sensation évoquée ». Le rêve que Freud rapporte se trouve donc là pour illustrer ce « ne pas pouvoir y arriver » mais sans sensation corporelle de cette inhibition. Freud nous dit que cette formule fait partie du contenu onirique, donc du texte du rêve. C’est un rêve abrégé dans lequel Freud se trouve accusé de malhonnêteté.
« Le lieu est un mélange de clinique privée et d’un certain nombre d’autres locaux. Un domestique se présente pour me convoquer à une enquête. je sais dans le rêve qu’on ne trouve plus quelque chose et que l’enquête résulte du soupçon que je me sois approprié l’objet perdu. L’analyse montre que le mot Untersuchung, qui désigne l’enquête, doit être pris dans un sens double et comprend aussi l’examen médical. Conscient de mon innocence et de ma fonction de consultant dans la maison, je suis tranquillement le domestique. Un autre domestique nous accueille à une porte et dit en me désignant : vous l’avez amené mais c’est un homme comme il faut. J’entre alors sans domestique dans grande salle où sont dressées des machines, et qui me rappelle un Enfer avec ses châtiments infernaux. J’aperçois, attelé à un appareil, un confrère qui aurait toutes les raisons de se soucier de moi; mais il ne fait pas attention à moi. On me signifie ensuite que je peux m’en aller. Et alors je ne trouve pas mon chapeau et de toute manière je ne peux pas m’en aller ».
Freud interprète ainsi son rêve : la satisfaction de désir du rêve est d’être reconnu comme un homme honnête. Mais le fait qu’il en puisse pas s’en aller prouve le contraire.
» Le ne-pas-arriver du rêve est une expression de contradiction. Un » NON » en fonction duquel, donc l’affirmation précédente, qui disait que le rêve ne parvenait pas à exprimer le non doit être corrigée. »
Rêves et complexe de castration
Le moindre des petits rêves rapportés par Freud dans son grand texte L’Interprétation du rêve, donne accès aux questions cliniques et théoriques les plus brûlantes de la psychanalyse.
En témoignent par exemple ces deux rêves que Freud utilise pour indiquer comment tout ce qui est dit, à propos du rêve, sert à masquer son contenu latent mais, en même temps, le dévoile.
Ils illustrent certes son propos, mais également révèlent ce qu’il en est du complexe de castration qui est différent pour les hommes et pour les femmes et cet événement traumatique que constitue la découverte de la différence des sexes.
Nous en sommes toujours au chapitre « Travail du rêve » p. 373 trad. Jean-Pierre Lefebvre.
« Le rêve avec des fleurs »
Ce rêve avec des fleurs se trouve dans la troisième partie du Travail du rêve, la partie C qui a pour titre “Les moyens oniriques de la figuration”. p. 351, à la suite de la partie A, la condensation et la partie B, le déplacement.(Traduction Jean-Pierre Lefevbre)
Il semble bien que jusqu’ici nous avions étudié plutôt la défiguration du rêve qui était nécessaire au franchissement de la censure, avec le déplacement, mais là il s’agit de sa figuration.
La figuration c’est en somme la mise en scène du rêve, la représentation dans le contenu manifeste des pensées du rêve, peut-être pourrait-on dire, l’invention du rébus chargé de représenter ces pensées. Freud nous explique que dans le matériel utilisé pour fabriquer le rêve, ne se trouvent pas les outils nécessaires pour représenter toute une série d’articulations logiques du texte du rêve, celles avec des Si, parce que, à moins que, ou bien ou bien, quoique…. Freud donne donc quelques exemples de la façon dont le rêve tente de remédier à cette impossibilité. Mais il nous indique aussi que c’est au rêveur de les restituer, une fois le rêve interprété.
Dans ce chapitre nous allons retrouver tout ce que Lacan a travaillé pendant de nombreuses années, une approche logique, avec ce qu’il a appelé le principe de non contradiction et également les liens de causalité, que Lacan a rapproché de l’implication, implication formelle et matérielle avec ses tables de vérité.
Ce rêve est essentiel à sa démonstration avec quelques autres.
Le Rêve de Freud avec la condensation « Autodidasker »
Voici le texte de ce rêve « Une autre fois je fais un rêve fait de deux morceaux disjoints. Le premier est le mot « Autodidacsker », dont j’ai un souvenir vif, l’autre recoupe fidèlement une brève et innocente séquence imaginaire qui date de quelques jours et dont le contenu est que je dois dire au professeur N si je le vois sous peu « Le patient sur l’état duquel je vous ai consulté dernièrement ne souffre effectivement que d’une névrose exactement comme vous l’aviez supposé ».
Or cet épisode n’est là que pour introduire ce qui va permettre en effet l’interprétation du rêve en tant que, au cours de cette rencontre des jours précédents, ce même confrère lui avait demandé combien il avait d’enfants. Freud lui ayant répondu qu’il avait trois filles et trois garçons, il lui avait fait remarquer qu’à l’adolescence ses garçons risquaient de lui créer quelques soucis.
C’est le contexte de ce rêve. Une formule va l’illustrer que l’on retrouvera dans son contenu latent « Cherchez la femme ! » Elle viendra en effet constituer le nœud de ce rêve en rejoignant les associations qui venaient de la condensation « Autodidasker ».
Deux rêves de femmes comblées ou « La symbolique du rêve »
Dans l’Interprétation des rêves Freud consacre un chapitre à la question de la symbolique. Il y écrit : « Quand on s’est familiarisé avec l’emploi surabondant de la symbolique pour figurer le matériel sexuel dans le rêve, on se demande si beaucoup de ces symboles ne sont pas analogues aux signes sténographiques pourvus une fois pour toutes d’une signification précise; on est tenté d’esquisser une nouvelle clef des songes d’après la méthode de déchiffrage. Il faut ajouter à cela que cette symbolique n’est pas spéciale au rêve, on la retrouve dans toute l’imagerie inconsciente, dans toutes les représentations collectives, populaires notamment: dans le folklore, les mythes, les légendes, les dictons, les proverbes, les jeux de mots courants : elle y est même plus complète que dans le rêve. Bornons-nous ici à dire que la figuration symbolique est au nombre des procédés indirects de représentation; mais qu’il ne faut pas la confondre avec les autres procédés indirects sans s’en être fait un concept plus clair ».
L’hystérie ou « l’art de saisir le symptôme de l’Autre au vol »
Bienvenue sur ce site de podcasts » une psychanalyse à fleur d’inconscient ». J’ai choisi aujourd’hui de vous parler de l’hystérie et de sa place essentielle dans la psychanalyse. Dans un texte tardif de son enseignement qui a pour titre « Joyce le symptôme ». Lacan évoque l’hystérie de Socrate et de la façon dont il saisissait « le symptôme de l’autre au vol » mais tout en soulignant que, l’analyste, doit savoir, lui aussi, saisir le symptôme de l’autre au vol pour pouvoir l’interpréter. Il fait ainsi de Socrate, en une seule phrase, le modèle de tous les hystériques mais aussi de tous les analystes.
Je le cite : « Socrate, parfait hystérique, était fasciné du seul symptôme saisi de l’autre au vol. Ceci le menait à pratiquer une sorte de préfiguration de l’analyse. Eût-il demandé de l’argent pour ça au lieu de frayer avec ceux qu’il accouchait que c’eût été un analyste, avant la lettre freudienne. Un génie quoi ! Le symptôme hystérique, je résume, c’est le symptôme pour LOM de s’intéresser au symptôme de l’autre comme tel : ce qui n’exige pas le corps à corps. Le cas de Socrate le confirme, exemplairement ». Je trouve très belle cette expression de l’hystérie comme étant, en somme, l’art de saisir le symptôme au vol.
Le transfert comme « transcription d’une langue dans une autre »
Le chapitre VI de l’Interprétation du rêve est intitulé « Le travail du rêve ». Dans les chapitres précédents, Freud partait toujours du texte du rêve, de son contenu manifeste pour tenter d’y retrouver ce qu’il appelle « les pensées du rêve ». Dans ce chapitre, il inverse la démarche, il part en effet des pensées du rêve pour décrire comment elles trouvent à s’exprimer et quels sont les mécanismes qui sont à l’oeuvre dans la formation du rêve, sa fabrication sous forme de rébus.Nous y retrouverons à la fois le rêve de la monographie botanique que Freud va utiliser à nouveau pour expliciter ce qu’est ce mécanisme du rêve de la « condensation », puis un nouveau rêve que Freud lui-même à intitulé « Un beau rêve ». Il est en effet très beau. Il y est question de pommes sur un pommier. Dans le bureau de Lacan, ses analysants avaient devant les yeux, allongés sur le divan, un petit tableau que j’aimais beaucoup, un pommier avec ses pommes dans une très verte prairie.