J’ai retrouvé dans un numéro de l’Evolution psychiatrique de 1938 un article de Jean Picard qui a été brièvement commenté par Lacan et qui nous donne une vue saisissante de ce que peut être un enfermement dans l’empire maternel. Le titre est en lui-même un vrai fourre-tout à la fois clinique et théorique mais il révèle bien ce qui était les intentions de l’auteur celui d’échapper à tout dogmatisme. Il a donc pour nom : » Mécanismes névrotiques dans les psychoses : Oedipe, homosexualité, théâtralisme hystérique et perversité « . De fait ces observations ont entre elles, malgré les apparences, une très grand unité : elles sont toutes placées sous le signe de la mère et correspondent toutes à ce qu’on pourrait appeler des formes graves d’hystérie.
Le désir de suicide sous forme d’implication logique
Dans son texte des cinq psychanalyses que Freud consacre à l’Homme aux rats, Freud décrit « quelques obsessions et leur explications » (p 220). Il en regroupe deux sous le terme de « compulsion au suicide ». La première est l’idée qui lui était soudain venue de se trancher la gorge avec un rasoir. La seconde celle de vouloir à toute force maigrir parce qu’il se trouvait trop gros. Il se mit à ne plus manger et à courir comme un forcené sous le soleil jusqu’au moment où son désir de suicide apparut clairement avec l’envie de se jeter au bas d’une falaise.
Dora fait son cinéma
Les personnages de la comédie dramatique de Dora
Au départ, tout le monde fait bon ménage, y compris la mère de Dora ( elle, elle le fait pour de bon. Si c’est métaphorique, en tout cas, elle n’en sait rien.
Page 15 Freud écrit : » Ainsi que je l’ai déjà mentionné je devais à l’intelligence peu commune de son père de n’avoir pas à rechercher chez ma malade Dora le point de départ, tout au moins pour la dernière forme revêtue par la maladie ( cette formule mérite d’être retenue ). Son père m’apprit que lui et sa famille avaient noué à B…, une amitié intime avec un couple habitant cet endroit… Madame K. l’aurait soigné pendant sa grande maladie et se serait par là acquis un droit éternel à sa gratitude. M. K s’était, paraît-il montré toujours aimable envers sa fille Dora, avait, lorsqu’il était là entrepris des promenades avec elle, lui faisant de petits cadeaux ; personne cependant n’y aurait trouvé de mal (Tiens, tiens et Freud alors ?). Dora se serait occupée avec une grande sollicitude des deux petits enfants du ménage K…, aurait en quelque sorte remplacé leur mère.
Dora, Avant-propos
Je vois surtout dans cet avant-propos, une argumentation nourrie rédigée à l’avance à l’usage de ces futurs détracteurs. Ce qui le laisse penser c’est le peu de succès qu’a eu son livre de l’Interprétation des rêves et le scandale qu’a provoqué quelques années après, ses trois essais sur la théorie de la sexualité.
Il prend en quelque sorte les devants.
Je passe sur l’exposition de ses scrupules ainsi que sur la difficulté d’exposer un cas et ceci sans prendre de notes, pour arriver directement page 3 à cette question de l’interprétation des rêves.
Freud comptait appeler ce texte : Rêve et hystérie pour montrer comment ” l’interprétation des rêves s’entrelace à l’histoire du traitement “. Et il faut remarquer ce terme ” histoire du traitement ” il ne s’agit plus de l’histoire de Dora telle qu’elle l’a raconté au départ, mais de ce qui s’est passé dans l’analyse, cela devient l’histoire de Freud et de Dora, peut-on se risquer à dire que c’est l’histoire des démêlés de Freud avec Dora.
Eloge de l’hystérie masculine
Eloge de l’hystérie masculine Sa fonction secrète dans les renaissances de la psychanalyse Ouvrage paru chez L’Harmattan en 1997 Tandis que leurs sœurs en hystérie, séduisantes en diable, occupaient le devant de la scène, les hommes hystériques, ces modestes ambassadeurs venus du pays de l’inconscient, restaient dans les coulisses. Les premières accompagnaient Freud dans sa découverte de la psychanalyse et devenaient célèbres sous des prénoms fictifs, Anna, Dora et surtout la belle Cécilia, les seconds sombraient dans l’oubli. Pourtant l’hystérie masculine, sous le nom d’hystérie traumatique, est définie par Freud comme étant « la source et le modèle » de toutes les formes d’hystérie. Elle est donc le point d’origine de sa découverte. De nos jours, cette hystérie virile n’est pas davantage mise à l’honneur alors qu’elle a pourtant une fonction décisive dans les renaissances de la psychanalyse : intransmissible, celle-ci ne peut-être qu’à chaque fois réinventée par chaque…