La place du signifiant phallique
Dans deux séances du séminaire Les formations de l’inconscient, celle du 7 mai et du 14 mai 1958 Lacan reprend les trois rêves de cette jeune femme hystérique qui était arrivée trop tard au marché et avait trouvé la boucherie fermée. Il évoque tout d’abord, à ce propos, le plaisir qu’il a à relire et travailler cet ouvrage de ‘Interprétation du rêve. « Je dois dire que ce n’est pas aujourd’hui que j’en fait la remarque : on est émerveillé de ce texte de la Traumdeutung. On est émerveillé comme une sorte de miracle parce que ce n’est vraiment pas trop dire qu’on peut le lire comme une pensée en marche. Mais c’est bien plus encore : les choses sont amenées dans des temps qui correspondent à plusieurs plans, surdéterminés […] la portée de ce qui vient en premier dépasse de beaucoup les raisons qui sont données pour les mettre en premier dans les titres. »
C’est en effet ce qu’il va démontrer tout d’abord avec le premier rêve. Il le reprend dans le droit fil de son analyse du rêve de la belle bouchère. Avec ce rêve il avait dessiné sur le graphe du désir, la fonction du désir insatisfait, en tant qu’il assure en quelque sorte ce qu’il appelle un au-delà de la demande, la nécessité de l’aire du désir. Avec le rêve de celle qui était arrivée trop tard au marché. Il explicite ce qu’est pour lui le phallus, à savoir un signifiant et l’inscrit sur la ligne haute du graphe du désir qu’il définit aussi (et entre autres définitions) comme étant justement la ligne du complexe de castration.