Freud

Qu’est-ce que le père réel ?

 Les lecteurs de Lacan, et parmi eux, surtout les analysants et les analystes, ont souvent quelques difficultés avec les trois pères qualifiés par lui de « père symbolique », « père imaginaire » et « père réel ». Ils ont souvent d’autant plus de mal qu’ils ont en quelque sorte à raccorder et surtout à rendre cohérent ce qu’il en dit tout au long de ses trente ans de séminaires.

8- Le fantasme des deux girafes

 Ce fantasme est une étape essentielle de ce que Lacan a appelé cette « phobie en marche ». Il est mentionné page 116 et 117 des cinq psychanalyses. Dans la nuit du 26 au 27 mars, donc plus de trois mois après le début de ses troubles, le père du Petit Hans rapporte ainsi ce fantasme de deux girafes :

L’art d’interpréter les obsessions par rapport à l’art d’interpréter les rêves

Dans le grand texte des cinq psychanalyses, Freud a entrepris de décrire l’Histoire de l’Homme aux rats, faisant ainsi la magnifique approche théorique et surtout clinique de ce qu’est la structure d’une névrose obsessionnelle.

Dans ce texte, il rédige un paragraphe ayant pour titre « quelques obsessions et leur explication »1

6 – Investigations sur l’existence du fait-pipi et les affres du complexe de castration du Petit-Hans

Nous en sommes au chapitre II qui a pour titre «  Histoire de la maladie et analyse », et au second sous-chapitre, à la page 110 des cinq psychanalyses. L’histoire de la maladie est composée des notes que le père du Petit-Hans faisait parvenir à Freud et bien sûr accompagné de ses commentaires. Ces notes sont datées et d’ailleurs divisées en sous-chapitres. Les premières que nous avons déjà relues sont datées des premiers jours de janvier de l’année 1908. lElles relatent l’apparition de sa phobie. Elle a été précédée d’un rêve d’angoisse. Il ne peut pas sortir dans la rue parce qu’il a peur qu’un cheval ne le morde. Nous avons déjà mis en place la triade, inhibition, symptôme, angoisse.

1 – Lacan et les cinq psychanalyses

 Il n’existe pas de sténotypies des trois premiers séminaires de Lacan (ceux avant les Ecrits techniques de Freud), on sait qu’ils avaient été consacrés aux commentaires de trois des cinq psychanalyses, celle de Dora, de l’Homme aux rats et de l’Homme aux loups. Cependant restent, pour Dora, le texte des Ecrits, « Intervention sur le transfert », pour L’homme aux rats, « Le mythe individuel du névrosé ». Quelques notes existent témoignant du séminaire consacré à l’Homme aux loups, notes prises par ses auditeurs. on en retrouve quelques traces dans les séminaires qui suivent, ceux des Ecrits techniques et du moi dans la théorie analytique ainsi d’ailleurs que dans les séminaire des Psychoses à propos du concept de la forclusion.

Freud et Lacan lisent Hamlet

laurence6-44391 Dans le séminaire « Le désir et son interprétation », Lacan commence par évoquer des rêves de mort du père puis il reprend ensuite très longuement le grand rêve du patient d’Ella Sharpe, le rêve dit du chaperon. Ce n’est qu’en troisième partie de ce séminaire qui entreprendra une lecture ligne à ligne de la tragédie d’Hamlet. Certes on peut justifier cet enchaînement du séminaire par son point de départ qui est celui du désir de la mort du père, désir qui est commun aussi bien au patient d’Ella Sharpe qu’à cet être de fiction, ce personnage d’Hamlet, mais cela ne saurait suffire par rapport au titre de ce séminaire qui pose la question du désir et de son interprétation et donc l’accès ou non à l’objet féminin. Or comme le plus souvent c’est par un retour au texte de Freud, que nous pouvons donner un bel éclairage du fil conducteur qui anime ce séminaire de Lacan. Il nous permet de l’interpréter.

Le Petit Hans, objet d’étude de son père, en relation avec le désir de Freud

cheval

Mon impression était juste : l’apparition de la phobie du Petit Hans, sa peur d’être mordu par un cheval, vient en second après l’étude attentive voire intrusive que fait le père de sa sexualité infantile et surtout de sa curiosité sexuelle à propos du « Fait-pipi ». Il a fait de son propre enfant un objet d’études, un objet qu’il partage avec Freud.

Première apparition de ce que Freud nomme complexe de castration dans les « Trois essais sur la théorie de la sexualité »

Chacune des cinq psychanalyses a à trouver place dans l’ensemble de l’oeuvre freudienne. Ainsi l’analyse de Dora devait avoir primitivement pour titre « Rêve et hystérie » et se trouvait être un complément à « L’interprétation des rêves ». De même l’analyse du Petit Hans, comme Freud nous l’annonce, prend la suite des « Trois essais sur la théorie de la sexualité ». Ces derniers datent de 1905 et le Petit Hans de 1909.

Les trois pères dans la traversée de l’Œdipe

Nous pouvons  déjà repérer dans ces séances consacrées à la métaphore paternelle ‘dans le séminaire des Formations de l’inconscient,  que Lacan explore toutes les  questions que soulève l’Œdipe, celle bien sûr de la névrose, avec au coeur de celle-ci, les difficultés théoriques et cliniques que pose l’Œdipe dit inversé, celui où le sujet, le garçon, souhaite être aimé de son père comme une femme, dans une position féminine passive. Il évoque aussi la question  des perturbations qui se produisent dans le champ de la réalité perturbations qui sont communes, quoique de façon différente, à la perversion et à la psychose. 

« La névrose a pour issue la destruction du complexe d’Œdipe »

Je livre à votre méditation ce passage d’inhibition, symptôme et angoisse, à la fin du chapitre VI :  « Etudier la formation de symptôme, dans d’autres affections que les phobies, l’hystérie de conversion et la névrose obsessionnelle, serait infructueux, car nous en savons trop peu à leur sujet. Mais l’examen critique et comparé de ces trois névroses fait apparaître un problème d’importance et qui ne saurait plus être ajourné. Chacune de ces trois névroses a pour issue la destruction du complexe d’Œdipe et nous admettons que dans toutes les trois l’angoisse de castration est ce qui conduit le moi à se dresser contre le processus pulsionnel du (moi) ». Ici, c’est un lapsus sans doute du traducteur. Bien sûr il faut lire « le processus pulsionnel du ça ».

Donc, premier point, nous sommes en 1925 et pourtant Freud déclare en quelque sorte forfait quant à son approche des deux autres structures, psychose et  perversion, alors qu’il a pourtant déjà écrit son texte sur le Président Schreber mais n’a pas trouvé le mécanisme spécifique qui détermine le phénomène psychotique.

 Mais le second point important est celui de la « destruction » du complexe d’Œdipe comme issue de la névrose.

Navigate