Freud

Rêves oedipiens

Sous cette dénomination, « rêves oedipiens », Freud camoufle lui-même ce qu’il décrit comme des rêves de rapports sexuels avec la mère. Ces rêves ne sont pas souvent transparents mais de fait camouflés.Nous en sommes à la page 440 de l’Interprétation du rêve ( J.P Lefèbvre)

Freud écrit “ Quand je souligne devant des patients la fréquence du rêve oedipien de rapport sexuel avec sa propre mère, on me répond ceci : je ne peux pas me souvenir d’un rêve pareil. Mais peu après remonte le souvenir d’un autre rêve, non reconnaissable et indifférent, qui s’est répété fréquemment chez la personne concernée et l’analyse montre que c’est là un rêve de même contenu, à savoir un rêve oedipien.”

Rêve de la petite maisonnette entre deux grands palais

Ce chapitre intitulé “le travail du rêve” est quasiment interminable. Nous en sommes p.439:440. En essayant d’avancer dans tout un maquis d’exemples de rêves dits typiques, avec parmi eux, outre les rêves à stimulus dentaire, des rêves de chute et de vol, ou de nage, j’ai isolé un joli petit rêve qui paraît anodin et qui exprime l’intense frustration pulsionnelle de l’analysant à l’égard de sa femme.
Freud l’utilise donc pour rappeler à nouveau que les rêves une fois analysés expriment toujours des désirs sexuels mais à la suite de ce rêve, il semblerait même que Freud avance qu’ils expriment de plus toujours des désirs oedipiens.
Voici le texte de ce rêve et la façon dont Freud l’introduit : “ Que les rêves, à première vue évidemment innocents incarnent de grossiers désirs érotiques est une thèse que nous avons déjà posée en d’autres lieux et que nous pourrions durcir par de nombreux nouveaux exemples. Mais il y a aussi beaucoup de rêves d’apparence indifférente, chez lesquels dans aucune direction, on ne remarquerait quoique ce soit de spécial, et qui, après analyse, de manière inattendue, se ramènent souvent à des mouvements désirants incontestablement sexuels.

“ Le rêveur raconte : “ entre deux palais imposants se dresse un peu en retrait une petite maisonnette dont les portes d’entrée sont fermées. Ma femme me conduit sur le bout de chemin qui va de la rue à la maisonnette, pousse la porte, et je me faufile alors rapidement et sans difficulté à l’intérieur d’une cour en pente qui monte en biais.

“Rêves à stimulus dentaires” 

Deux rêves du même analysant introduisent toutes les questions que Freud se pose à leur sujet.“ Lors d’une représentation de Fidelio à l’opéra, il se trouve à l’orchestre à côté de L., une personnalité qui lui est sympathique, dont il aimerait gagner l’amitié. Tout à coup, il s’envole en biais au dessus de l’orchestre, qu’il traverse jusqu’au bout, se met la main dans la bouche et s’extrait deux dents.”
Une citation extraite d’un poème de Schiller sert d’interprétation à ce rêve “ Qui a réussi le coup gagnant d’être l’ami d’un ami”. Il s’agit en effet, nous dit Freud, dont l’homosexualité est très forte mais aussi très inhibée.
Le second rêve le confirme :
“ Deux professeurs d’université connus de lui le traitent à ma place. L’un d’eux fait quelque chose à son membre ; il est angoissé à l’idée d’une opération. L’autre frappe avec une barre de fer sur sa bouche, si bien qu’il perd deux dents. on l’attache avec quatre foulards de soie.”
Les foulards de soie correspondent à une identification à un homosexuel et se représente les rapports sexuels “ sur le modèle de l’onanisme pubertaire”.

Le récit du rêve de Bismarck avec sa cravache qui s’allonge à l’infini

Nous en sommes encore à travailler les rêves démontrant le rôle de la symbolique dans le rêve. Nous avons exploré ce rêve de la fiancée déçue (son mariage avait été retardé). C’était un rêve de nuit de noces, à la fois un rêve de défloration et de fécondation.
Il s’agissait donc de la manifestation du désir sexuel, au féminin.Avec ce rêve de Bismarck il s’agit donc du désir masculin avec un beau symbole celui de la cravache qui s’allonge à l’infini et qui comme par miracle lève tous les obstacles. nous en sommes donc p. 419. Le titre du paragraphe étant intitulé “ Un rêve de Bismarck”.

Un rêve de défloration

En relisant ce rêve d’une jeune fille en fleur, je me disais que Lacan n’avait pas raison lorsque il disait que Freud n’avait pas compris grand chose à ce qu’on appelle la nature féminine,   bien que modeste, je trouve qu’il ne se débrouillait pas si mal que ça avec elles. Ce rêve fait toujours partie de ce chapitre sur la Symbolique du rêve. Il se trouve p. 415 de l’édition de J.P. Lefèbvre.

Plus le texte du rêve est court, plus sont abondantes les associations du rêve et également les différentes interprétations possibles puisque le rêve tout comme le symptôme est surdéterminé. Ce rêve de défloration en est un exemple. je trouve aussi qu’il illustre aussi ce que Freud appelle “la langue du rêve”. Dans ce cas, il se dit avec des fleurs, plein de fleurs. Mais ce n’est pas une exception, dans son ouvrage, il y a d’autres exemples, il y a la monographie botanique avec ces cyclamens et la fleur préférée de Freud, la fleur d’artichaut, il y a aussi la branche de lys et de camélias d’une autre analysant de Freud, et, en les recherchant, on peut peut-être en trouver d’autres. Par exemple, les fleurs de pissenlit, dans l’un des rêves de Freud.

Voici le texte du rêve qui est en anglais :“ I arrange the centre of a table with flowers for a birthday”
“Je mets des fleurs au milieu d’une table pour un anniversaire”.

Freud se propose si on peut dire à lui-même, grâce à la symbolique, un premier niveau d’interprétation. Il nous indique en effet à quelle occasion, elle fait ce rêve, ses projets de mariage ont été repoussés à plus tard. Dans son rêve, ses désir de mariage et d’enfants se sont déjà réalisés, elle prépare un anniversaire, celui de son enfant, ou de son mariage.

Le rêve des deux poires de l’empereur ( Kaiserbine)

Ce rêve se trouve p. 413. J’ai un peu perdu le fil pour savoir comment il s’inscrit dans la démonstration de Freud, Enfin, il fait au moins partie du grand chapitre “ Travail du rêve”  Il est décrit par Freud pour illustrer la rubrique sous lequel il figure “ Sentiment de réalité et figuration de la répétition”.Là encore c’est une psychanalyse en miniature que Freud décrit en quelques phrases. Cet analysant, âgé de 35 ans raconte un rêve qu’il avait fait à l’âge de 4 ans. C’est le notaire, celui qui s’était occupé du testament du père qui lui avait apporté ces deux poires, les poires de l’empereur. il avait perdu son père quand il avait trois ans.
Le texte du rêve est donc :
“ Le notaire chez qui était déposé le testament du père apportait deux grosses poires impériales et lui en donnait une à manger. L’autre était sur l’appui de la fenêtre dans la salle de séjour. Il se réveillait convaincu de la réalité de ce qu’il avait rêvé et réclamait obstinément à sa mère la seconde poire, prétendant qu’elle était sur l’appui de la fenêtre. Ce qui avait fait rire sa mère”.

Le rêve d’une femme du peuple

Ce rêve d’une femme du peuple dont le mari est agent de police figure p. 407 de l’ouvrage version J.P Lefebvre.  Il figure à titre d’exemple de symbolisme, celui où l’organe masculin est symbolisé par des personnages ( trois) le policier flanqué de deux gredins et l’organe féminin comme un beau paysage arboré.  Voici le texte de ce rêve : “ … et qu’alors quelqu’un était entré pas effraction dans l’habitation et qu’elle avait eu très peur et appelé un agent. Mais que celui-ci s’était rendu en compagnie pacifique de deux pélerins avec qui il était d’accord dans une église où l’on montait par plusieurs marches ; que derrière l’église il y avait une montagne et tout en haut une épaisse forêt […] Que devant l’église un chemin menait à la montagne. Que celle-ci des deux côtés, était couverte d’herbe et de broussailles de plus en plus épaisses, qui se transformaient en haut de la montagne en une épaisse forêt.” 

Le rêve de cet homme inhibé par le complexe du père

Ce rêve a été choisi par Freud pour illustrer le fait que l’organe sexuel masculin peut aussi être symbolisé par des bâtiments. En fait ce qui m’a surtout intéressé c’est le sous-titre avec lequel Freud introduit cette question du complexe du père. La question se pose en effet de savoir s’il est équivalent ou non au complexe de castration.

Voici le texte de ce rêve qui figure toujours dans le chapitre sur le symbolisme dans les rêves et à la page 405 de la version J.P Lefebvre.

“ Il se promène avec son père dans un lieu qui est certainement le Prater, car on voit la rotonde, devant celle-ci, une avancée plus petite à laquelle est attachée un ballon captif, qui semble cependant dégonflé. Son père lui demande ce que c’est que tout ça. Il s’étonne de cette question, mais le lui explique. Ils arrivent ensuite dans une cour où est étalée une grande plaque de tôle. Son père veut en arracher un grand morceau mais avant cela il regarde autour de lui pour voir si quelque un ne pourrait pas remarquer la chose. Il lui dit qu’il n’a qu’à le dire tout simplement au surveillant et qu’il pourra alors en prendre sans plus de façons. De cette cour, un escalier conduit au fond d’un puits, dont les parois sont comme matelassées d’un mol capiton, un peu comme un fauteuil de cuir. Au bout de ce puits il y a une plateforme assez longue puis commence un nouveau puits…”

Le second rêve de la femme agoraphobique (celle qui s’était fait un chapeau de paille avec les organes génitaux de son mari) ( Partie I)

Ce second rêve de la jeune femme agoraphobique se trouve p. 403 de “L’interprétation du rêve” (traduction J-P Lefebvre), sous ce titre de chapitre “ Le petit est l’organe génital – être écrasé par une voiture est un symbole de rapport sexuel”.

Voici le texte de ce rêve : “ sa mère fait partir sa petite fille afin qu’elle soit obligée d’aller seule. Elle est ensuite avec sa mère dans le train et voit sa petite aller directement sur les rails, où elle ne peut donc que se faire écraser. On entend les os qui craquent ( là elle éprouve une sensation désagréable, mais n’est pas vraiment épouvantée). Après cela elle se retourne depuis la fenêtre du wagon, en regardant si derrière on ne voit pas les morceaux. Puis elle fait des reproches à sa mère qui a laissé la petite partir toute seule.”

Les associations du rêve et les interprétations de ce rêve méritent d’être suivis ligne à ligne, parce qu’on y découvre donc dans ce chapitre sur le symbolisme dans les rêves qui a été rajouté en 1914, soit 14 ans après la première édition, les premières ébauches de l’élaboration freudienne du complexe de castration féminin. On y découvre à l’état naissant également, ce qu’il développera bien plus tard avec l’aide des analystes femmes, des étapes pré-oedipiennes de la sexualité féminine, dans la relation de la petite fille à sa mère.

Tout ce qu’on peut faire avec un chapeau quand on l’utilise comme un symbole !

Avant de quitter ce rêve de la Dame qui avait fabriqué un chapeau de paille avec les organes génitaux de son mari afin de se protéger de son angoisse de tentation, celle de se laisser séduire, chemin faisant, par de beaux militaires, je vous propose en effet de relire un petit texte de Freud assez peu connu qui porte pour titre “ Relation entre un symbole et un symptôme”. C’est là en effet qu’on retrouve ce symbole du chapeau et utilisé cette fois-ci non pas pour fabriquer un rêve mais quelques symptômes obsessionnels, du côté des femmes, mais aussi des hommes. Il commence ainsi son article “ Le chapeau, comme symbole de l’organe génital, surtout de l’organe génital masculin, voilà qui est suffisamment établi par l’expérience de l’analyse des rêves. Mais, ajoute-t-il, on ne peut affirmer que ce symbole soit ce ceux que l’on comprenne”.

De fait Freud nous explique qu’il y a en somme un glissement du bas vers le haut et que c’est tout d”abord la tête qui représente les organes génitaux et que le chapeau en est à son tour la représentation, par glissement de la tête au chapeau, en tant qu’il en est nous seulement le prolongement mais aussi ce qui peut être ôté. Le chapeau met donc en scène le fait de pouvoir en être privé. Il est amovible.

Lecture ligne à ligne de l’Interprétation du rêve, l’oeuvre majeure de Freud

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