Christelle Prévôt
Au milieu d’une série de rêves provenant de l’analyse d’une même patiente, Freud interrompt la série par un bref rêve anodin, celui d’un jeune homme.
« Celui -ci a rêvé, nous dit-il, qu’il remet son manteau d’hiver, ce qui est terrible ».
Le patient indique à Freud qu’il a fait ce rêve à l’occasion du retour du froid, ce qui fait dire à ce dernier que les deux éléments brefs du rêve ne coïncident pas. Effectivement bénéficier de la protection d’un manteau chaud quand il fait froid n’est pas terrible .
Que cache donc ce rêve innocent ? La veille, une dame de sa connaissance lui a avoué que son premier enfant doit l’existence à un préservatif qui a craqué.
Il a alors pensé qu’un préservatif trop fin est dangereux mais qu’un trop épais n’est pas bon, rejoignant en cela les libertins qui en 1717 déclaraient que c’était comme « entrer en lice avec la pique cuirassée ».
Freud nous donne alors la clé de l’ellipse : un condom est un « pardessus », On le passe bien par-dessus, il va s’en dire aussi qu’un événement comme celui que lui a confié son amie serait terrible pour cet homme non marié. Le facteur sexuel apparaît donc comme le motif de censure .
Sigmund Freud, L’interprétation du rêve, p 226
1 https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1996_num_84_309_4323
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