La fonction de l’Œdipe et du Père dans la « génitalisation »

Dans la séance du 15 janvier 1958 du séminaire Les Formations de l’inconscient, Lacan évoque la fonction de  l’Œdipe et du  père dans la « génitalisation » ou l’assomption de son propre sexe

Nous pouvons  déjà repérer dans ces séances consacrées à la métaphore paternelle  que Lacan explore toutes les  questions que soulève l’Œdipe, celle bien sûr de la névrose, avec au coeur de celle-ci, les difficultés théoriques que pose l’Œdipe dit inversé, celui où le sujet, le garçon, souhaite être aimé de son père comme une femme, dans une position féminine passive. Il évoque aussi la question  des perturbations qui se produisent dans le champ de la réalité perturbations qui sont communes, quoique de façon différente, à la perversion et à la psychose.

Parmi ce foisonnement de questions surgit aussi celle de ce qu’il appelle la « génitalisation ».Il semble que, de nos jours, ce terme ne soit plus beaucoup utilisé. A vrai dire, il est possible que ce soit  plutôt un mot forgé par Lacan, car il ne figure pas ou plus dans le dictionnaire étymologique d’Alain Rey. Sans doute, Lacan se réfère-t-il à ce texte de Freud ayant pour titre  » l’organisation génitale infantile » où il décrit ce primat du phallus, dans les deux sexes, au stade de la phase phallique.

Une phrase de cette séance du 15 janvier mérite d’être isolée pour sa portée :  » Le complexe d’Œdipe, ne l’oublions pas au milieu de tellement d’explorations, de questions, de discussions, ceci est presque passé dans l’histoire au second plan, mais reste toujours implicite dans toutes les cliniques. Le complexe d’Œdipe a une fonction normative non pas simplement dans la structure morale du sujet, ni dans ses rapports (avec la réalité), mais dans l’assomption de son sexe, c’est-à-dire quelque chose qui, dans l’analyse, comme vous le savez, reste toujours dans une certaine ambiguïté « .

Plus loin il reprend :  » La question de la génitalisation est double, elle est celle, d’une part, qui comporte une évolution, une maturation, et d’autre part, comporte dans l’Œdipe quelque chose qui se réalise qui est l’assomption de son propre sexe, pour appeler les choses par leur nom, qui est le fait qu’un homme assume son type viril, que la femme s’identifie à ses fonctions de femme. La virilisation et la féminisation, voilà les deux termes qui sont essentiellement la fonction de l’Œdipe ».

Il convient de noter que c’est une des rares fois où Lacan évoque la normativité et c’est donc par rapport à l’assomption de son propre sexe. Le temps n’était peut-être pas encore venu pour lui d’énoncer que pour tout homme, une femme était son symptôme et que de façon non réciproque, non équivalente, un homme était pour une femme, un ravage, un cataclysme, « pire qu’un symptôme ».

 

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