Cette séance des formations de l’inconscient du 14 mai 1957 est d’une très grande richesse mais très complexe.
J’ai essayé pour moi-même d’en établir un plan et donc d’en saisir une vue d’ensemble.
1 – Il part du thème du phallus et de l’importance qu’avait pour Bouvet l’incorporation imaginaire du phallus de l’analyste.
Il nous recommande la lecture des trois textes de Bouvet
– Importance de la prise de conscience de l’envie du pénis dans la névrose obsessionnelle féminine ( Renée)
– Importance de l’aspect homosexuel du transfert dans le traitement de quatre cas de névrose obsessionnelle masculine.
– Le moi dans la névrose obsessionnelle
Lacan élève ce phallus au rang de signifiant.
2 – Un premier détour clinique, chemin faisant, concerne les dangers de sombrer dans la psychose qui guetterait le sujet obsessionnel selon Bouvet et que Lacan récuse.
Cela pose à la fois la question de la radicale différence de structure entre les névroses et les psychoses, mais aussi la question des « délires » dans la névrose.
3 – Prenant appui sur l’usage imaginaire que Bouvet fait de ce phallus, pour en faire un tout autre usage Lacan propose de l’inscrire sur le graphe du désir.
Pour cela il reprend segment par segment tous les circuits de ce graphe ainsi que chacune des lettres qui s’y inscrivent.
Il y inscrit le phallus avec l’aide de la lettre grecque majuscule Phi sur la ligne du haut du graphe, appelée entre autres dénominations, ligne du complexe de castration.
4 – Le graphe du désir de l’hystérique
Il reprend en partie ce qu’il en avait déjà décrit dans les séances précédentes. Mais ici nous avons commenté avec l’aide du graphe, le rêve des bougies d’Apollon, le rêve d’une hystérique et un rappel de la situation subjective de Dora dans le quatuor qu’elle constitue avec son père et Monsieur et Madame K. , sa mère en étant effectivement exclue par sa rivale dans l’amour du père.
5 – Le graphe du désir de l’obsessionnel
Lacan décrit la névrose obsessionnelle comme une « figure transformée de l’hystérie ».
Il leur donne un substrat commun qui est celui du désir.
Il repart de ce que Freud a élaboré concernant la névrose obsessionnelle en différents temps de son invention de la psychanalyse.
a) au temps des neuro-psychoses de défense, il repartit les deux névroses selon la forme du trauma. un événement sexuel passif ayant entraîné du dégoût, pour l’hystérie, un événement actif et ayant apporté du plaisir, pour la névrose obsessionnelle.
b) au temps de l’Homme aux rats, la complexité des relations affectives du névrosé obsessionnel : activité/passivité, masculin/féminin, amour/haine. Lacan en oublie un autre couple de termes sadisme/masochisme
c) au temps de l’au-delà du principe de plaisir avec la seconde topique, Freud évoque ce qu’il appelle la désintrication des instincts de vie et des instincts de mort, ce qui a pour résultat la libération précoce des instincts de destruction.
d) Il prend appui sur cette désintrication pulsionnelle pour l’inscrire dans la dimension du désir, sous la forme d’une écriture celle du d°.
e) Il nous propose alors le graphe du désir de l’obsessionnel comme une variante du graphe du désir de l’hystérique. En face du désir, là où Dora se soutenait dans son fantasme, par une identification à Monsieur K., pour l’obsessionnel, vient s’inscrire sous une forme voilée le phallus. Reste à savoir dans quel registre il y figure, est-il du registre de l’imaginaire ou du symbolique ?
6 – En tout cas on peut déjà repérer que si le phallus en tant que signifiant peut être inscrit sur le graphe du désir, sa place est ubiquitaire. En principe, il peut s’inscrire sur la ligne haute du graphe, Lacan nous propose de l’inscrire au niveau du fantasme, et dans le rêve dit des bougies d’Apollon, il figure au niveau du message, dans le contenu manifeste du rêve, sous la forme d’une bougie cassée qu’elle avait mise dans le chandelier.
Il figure sur le graphe qui suit en ces trois points 1, 2, 3, respectivement sur la ligne du haut, ligne du complexe de castration, ligne toujours en pointillé et pour cause, en tant que chaîne signifiante inconsciente, au point du fantasme et au point du message, comme symptôme. Il y a même des chances qu’on le voit aussi apparaître au niveau du moi et du petit autre comme un enjeu.
2 Comments
14 mai 1958 et non 1957
merci tout de même car je cherchais quand Lacan avait mis grand phi sur le graphe
Et bien voilà !